Armée de l’air : Missile hypersonique, Rafale, base à vocation nucléaire… On vous décrypte le discours de Macron

«Accroître et accélérer les commandes de Rafale » au bénéfice de l’armée de l’air. Emmanuel Macron a confirmé mardi, sur la base aérienne de Luxeuil-les-Bains, en Haute-Saône, une montée en puissance des équipements pour les années à venir et effectué quelques annonces. 20 Minutes vous décrypte le discours du président de la République, centré sur la dissuasion nucléaire.
Luxeuil, un retour à la dissuasion nucléaire
La base de Luxeuil sera « à l’horizon 2035 la première base à accueillir la prochaine version du Rafale et son missile nucléaire hypersonique, figure du renouvellement entamé de la modernisation de notre dissuasion nucléaire », a annoncé le chef de l’Etat.
Luxeuil va ainsi redevenir une base à vocation nucléaire (BAVN) puisqu’elle avait déjà accueilli, de 1966 à 2011, la mise en œuvre de la dissuasion nucléaire aéroportée française. « Il est prévu d’y installer d’ici à 2032 deux escadrons Rafale, là où aujourd’hui il y a un escadron de Mirage 2000, nous explique-t-on du côté de l’armée de l’air. L’idée étant que ces escadrons soient prêts pour l’arrivée du futur missile nucléaire hypersonique, l’ASN4G, qui doit remplacer en 2035 l’ASMPA-Rénové, le missile nucléaire actuellement en service. »
Un investissement de près d’1,5 milliard d’euros
L’investissement pour mettre la base aérienne de Luxeuil à niveau sera de l’ordre de près d’1,5 milliard d’euros, a chiffré le chef de l’Etat. « Il faut tout refaire car on est sur une base qui est vétuste, explique-t-on du côté de l’armée de l’air. Elle va accueillir plus d’avions [une vingtaine], qui seront plus lourds, donc il faut refaire la piste. Il faudra aussi des hangars de maintenance, des bâtiments pour les unités. Et il y aura toute la partie dissuasion, avec ses bâtiments spécifiques. Il y a ceux qui accueillent l’armement, ce sont des bâtiments extrêmement durcis pour assurer la sécurité, notamment pour résister à une éventuelle attaque sur cette base. Il y a aussi la zone d’alerte, où on va mettre en œuvre cette dissuasion, ainsi qu’une autre zone qui permet d’être en lien avec la chaîne de commandement nucléaire. Cela veut donc dire des systèmes de communication sécurisés multiples. »
Luxeuil rejoindra les trois autres bases à vocation nucléaire : Saint-Dizier, Avord et Istres. « Saint-Dizier, c’est actuellement la base Rafale ; Avord, c’est la base où on a les avions radar ; et Istres où on a les ravitailleurs, explique l’armée de l’air. En cas de montée en puissance, Avord et Istres ont une zone d’alerte pour accueillir des avions de chasse, avec la capacité de mettre en œuvre l’arme nucléaire. » Toutefois, « il faut bien comprendre que la dissuasion est une mission de l’ensemble de l’armée de l’air : en cas de raid nucléaire, des Mirage 2000-5 seraient en première ligne pour protéger le raid. On peut aussi intégrer dans ces missions des avions de la marine. »
Une commande de nouveaux Rafale
L’armée de l’air et de l’espace va bénéficier « de davantage de commandes de Rafale », a également annoncé Emmanuel Macron, confirmant les propos du ministre des Armées Sébastien Lecornu, qui avait annoncé il y a quelques jours une commande supplémentaire de 30 Rafale (20 pour l’armée de l’air, 10 pour la marine). « Une vingtaine d’avions, cela correspond en gros à un escadron en plus, commente-t-on du côté de l’armée. C’est un vrai changement. Globalement, nous sommes en train de sortir d’un creux que l’on a connu en 2023-2024, à cause des livraisons de Rafale d’occasion à la Croatie et à la Grèce, qui ont été prélevés sur les stocks de l’armée de l’air. » A la faveur de la livraison de 14 aéronefs en 2024, « nous sommes remontés à 108 Rafale à la fin de l’année 2024, pour un format total de 185 chasseurs en incluant nos Mirage, et 220 chasseurs tout compris avec la marine. » L’objectif est de basculer de 220 à 250 chasseurs à la faveur de cette trentaine d’avions en plus.
Vers du tout Rafale
Ce contingent de 250 appareils comptera uniquement du Rafale à partir de 2035. L’AAE s’appuie actuellement sur une vingtaine de Mirage 2000-5 (après la cession de quelques unités à l’Ukraine), qui doivent être retirés du service en France d’ici à 2030, et de 58 Mirage 2000D, qui seront conservés, eux, jusqu’en 2035.
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« Après 2035, l’idée est de passer au 100 % Rafale. Reste à savoir, face à ce volume de commandes de Rafale, ce que Dassault et ses partenaires seront capables de sortir des usines. Il convient donc de rester prudent concernant les éléments de calendrier. »
Une montée en gamme
Emmanuel Macron a annoncé que les Rafale qui seraient basés à Luxeuil seraient des appareils au standard F5. « Le Rafale est un appareil qui n’a de cesse d’évoluer, nous explique-t-on encore du côté de l’armée de l’air. On en est aujourd’hui au standard F3R, et nous allons progressivement passer notre flotte au F4 ». Le standard F4.1, première brique du standard F4, « marque une étape importante dans l’ère du combat aérien collaboratif » explique de son côté le ministère des Armées. Il intègre notamment « un viseur de casque Scorpion », des « capacités accrues d’échanges de données entre Rafale », ou encore « de l’armement à guidage GPS/laser ». « Le futur grand « step », poursuit l’armée de l’air, ce sera le standard F5, qui incluera de la gestion de données de masse, avec de l’IA et avec la capacité à embarquer le futur missile nucléaire. »