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Argentine : Le président Milei promet que sa « tronçonneuse » budgétaire « durera des années »

Les Argentins vont devoir se serrer la ceinture… pendant quelques années. Leur président Javier Milei a célébré samedi sa « tronçonneuse » qui sabre les dépenses de l’Etat et promis davantage de coupes, dans son deuxième discours sur l’état de la Nation depuis son arrivée au pouvoir il y a quinze mois.

« Les yeux du monde aujourd’hui sont tournés vers l’Argentine », a lancé le président argentin ultralibéral. Et « dans certains cas, ils prennent note » de ce qu’elle fait « pour l’appliquer dans leur propre pays. Comme le fait Elon Musk à la tête du portefeuille de déréglementation des États-Unis », auquel il a récemment offert, à Washington, une grande tronçonneuse.

La tronçonneuse, a-t-il insisté, « n’est pas seulement un programme de gouvernement, c’est une politique d’État qui durera des années, et ne s’arrêtera que lorsqu’elle atteindra la fin de l’État à long terme », a-t-il ajouté, annonçant une « tronçonneuse profonde », pour sa deuxième année de présidence.

En quinze mois, le président qui se décrit comme un « anarcho-capitaliste », a déjà appliqué à l’Argentine une drastique cure d’austérité budgétaire, après une dévaluation de plus de 52 % du peso.

Vers une sortie du Mercosur ?

Rendant compte des négociations de l’Argentine avec le Fonds monétaire international (FMI) en vue d’un nouveau programme de financement, il a déclaré : « nous avançons vers un accord ». Sans préciser d’échéancier, il a précisé qu’il « sollicitera dans les prochains jours le soutien du Parlement au gouvernement » pour cet accord.

Javier Milei s’est redit samedi prêt « si nécessaire » à sortir du Mercosur, bloc commercial rassemblant plusieurs pays sud-américains, pour « l’opportunité historique » de conclure un accord de libre-échange avec les États-Unis. « La seule chose qu’il (le Mercosur) a réussi depuis sa création est d’enrichir les grands industriels brésiliens au prix de l’appauvrissement des Argentins », a-t-il critiqué.

Javier Milei s’est vanté samedi d’avoir transformé l’Argentine en un pays « radicalement différent de ce qu’il était il y a à peine un an », avec des succès comme l’inflation, ramenée de 211 % sur l’année 2023, à 84 % actuellement sur un an, et un excédent budgétaire annuel en 2024, le premier depuis quatorze ans. « Le meilleur gouvernement de l’histoire de l’Argentine », a-t-il tonné, célébrant la suppression de 40.000 emplois publics. Et saluant l’élimination de 900 réglementations diverses.

Des réformes à tout-va

Il a dit sa volonté « d’approfondir » la réforme d’un code du travail « complètement obsolète », et jugé impérative une réforme fiscale visant à « réduire de 90 % le nombre d’impôts nationaux », et d’ouvrir l’économie argentine pour en finir avec « le mensonge protectionniste ».

Contre l’insécurité, il a annoncé une réforme du Code pénal, visant à alourdir « toutes les peines existantes ». Il veut aussi abaisser l’âge de responsabilité pénale, de 16 ans actuellement, à 13 ans.

Les réformes à venir, a-t-il dit, « pourront être abordées soit au cours de cette législature, soit à partir du 11 décembre », date à laquelle le parlement devrait être renouvelé après des législatives partielles en octobre.

Javier Milei jouit d’une approbation stable, autour de 45 %, mais son parti La Libertad Avanza (LLA), reste très minoritaire (39 députés sur 257). Et le président mise sur le scrutin d’octobre, pour renforcer sa base parlementaire et faire avancer ses réformes. LLA est pour l’heure crédité d’au minimum 35 % d’intentions de vote, loin devant l’opposition.

D’ici là, face à un Parlement rétif qui a retoqué plusieurs de ses reformes en 2024, Javier Milei cherchera pendant sa deuxième année de présidence à « éviter le parlement le plus possible », via des décrets, prédit Shila Vilker, politologue et directrice d’un institut de sondage Trespuntozero.