Argent magique : Après avoir laissé à la France un déficit de 6 %, l’audacieux Bruno Le Maire accuse les députés
Vous connaissez la légende urbaine autour de l’élève qui aurait eu en contrôle de philo « Qu’est ce que l’audace ? », aurait juste répondu « C’est ça » et aurait décroché 18/20 (ou 20/20, cela dépend des versions). Eh bien on l’a retrouvé ! Depuis le début, il s’agissait apparemment de Bruno Le Maire, ancien ministre de l’Economie.
Ce dernier, qui a quand même occupé le poste pendant sept ans, a accusé jeudi « d’hypocrisie » l’Assemblée nationale qui « taxe, dépense et censure » dans une diatribe lancée aux députés de la commission chargée d’enquêter sur les dérapages budgétaires pendant son mandat. Avec notamment, on le rappelle pour les deux du fond, un déficit public de 6,1 %, record en la matière depuis des décennies. Et on est gentil, on ne parlera pas de la dette.
La meilleure défense, c’est l’attaque (et le culot)
Dans un rapport, une mission sénatoriale avait fustigé une « irresponsabilité budgétaire assumée » et un « attentisme dommageable » des exécutifs précédents, à quoi l’ex-ministre avait répondu en dénonçant un « réquisitoire d’opposants politiques », « truffé de mensonges ».
Quelque chose à dire pour te défendre Bruno ? Eh bien oui. Tout ça, c’est la faute des députés. Il fallait la tenter, mais quand même. « En sept jours avec la censure, vous avez fait dérailler à nouveau la France », a lancé l’ancien ministre. « Je parle devant des parlementaires qui, à de rares exceptions près, ont tous voulu alourdir la facture des mesures exceptionnelles de soutien face au Covid et qui refusent maintenant de sortir de ces mesures. » Ha, si seulement il y avait eu un ministre à Bercy pour régler ça. Mais ne le coupons pas avec notre sarcasme. « Je parle devant des parlementaires qui se précipitent aux 20 heures pour annoncer que les retraites seront bien revalorisées au 1er janvier. Et vous dites vouloir réduire le poids de la dette ? Hypocrisie », a déclaré Bruno Le Maire.
Les députés pas fans de cet argumentaire
« Je parle devant des parlementaires qui prétendent vouloir le bien de nos compatriotes, mais qui offrent à longueur de séances publiques le spectacle des invectives, des menaces verbales et du bruit. Hypocrisie », dénonçant une assemblée qui « taxe, dépense, censure ». « Qui êtes-vous pour juger ? », a-t-il encore interrogé.
La diatribe ironiquement qualifiée de « roborative » par Éric Coquerel, président de la commission des finances, a provoqué de vives réactions, et de nombreux députés ont dénoncé un manque d’humilité et un mépris de l’ancien locataire de Bercy. « C’est une blague ? « , a entendu une journaliste de l’AFP dans l’assistance au début du discours de Bruno Le Maire. « La meilleure défense, c’est l’attaque », a commenté le député communiste Nicolas Sansu.
« Extrêmement choqué »
Eric Ciotti (UDR), corapporteur de la commission d’enquête, a déclaré avoir été « extrêmement choqué » par le discours liminaire, dénonçant une attitude « qui confine finalement à une forme d’antiparlementarisme, de populisme ».
L’ancien ministre de l’Economie et des Finances a jugé « très facile » de lui faire porter la « responsabilité de la dégradation des comptes publics en 2023 et en 2024, si facile que tout le monde ou presque depuis mon retrait de la vie publique a emprunté ce chemin dans un unanimisme suspect, indigne de notre démocratie ».