France

Argent : Les ultrariches augmentent leurs revenus plus vite que le reste de la population

Les inégalités de revenus s’accroissent en France, comme le confirme une étude de la direction générale des finances publiques, relayée par Le Monde. Entre 2003 et 2022, les 40.700 foyers fiscaux les plus aisés – soit 0,1 % de la population – ont vu leurs revenus plus que doubler (+ 119 %). A titre de comparaison, les 0,9 % suivants ont enregistré une hausse de 79 %, tandis que les 90 % des ménages les moins riches n’ont vu leurs revenus progresser que de 39 % en moyenne sur la même période.

« Les écarts de revenus tendent à se creuser, même entre foyers aisés », soulignent les auteurs de l’étude, Olivier Arnal, Romain Loiseau et Vincent Vicaire. Désormais, pour faire partie des 0,1 % les plus riches, il faut déclarer un revenu annuel d’au moins 463.000 euros, avec une moyenne qui dépasse 1 million d’euros – soit trente fois plus que le reste de la population.

Un enrichissement alimenté par le capital

Cet enrichissement spectaculaire s’explique en grande partie par la structure des revenus de ces ménages. Contrairement à la majorité des Français, dont 63 % des revenus proviennent des salaires, les plus fortunés tirent leur richesse avant tout des dividendes et plus-values financières (47 %), des bénéfices de leurs entreprises (10,5 %) et de leurs revenus fonciers (3 %). « La dynamique est tout à fait remarquable, même par rapport aux autres foyers à revenus élevés », relève l’étude citée par Le Monde.

Ces dernières années, la hausse des marchés financiers, notamment du CAC 40, qui a doublé entre 2003 et 2022, et l’augmentation des prix de l’immobilier ont considérablement renforcé cette tendance. Ce phénomène ne se limite pas à la France : aux Etats-Unis, les économistes Rudiger von Arnim et Joseph Stiglitz rappellent que « l’inégalité des richesses a grimpé en flèche », les plus riches bénéficiant pleinement de la valorisation des actifs financiers.

Une fiscalité moins progressive

Face à cette concentration croissante des richesses, la fiscalité pourrait jouer un rôle correcteur. En 2022, les 0,1 % des ménages les plus aisés ont payé à eux seuls 13 % de l’impôt sur le revenu. Pourtant, l’étude révèle que la progressivité fiscale a diminué au fil des années.

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Alors que les 50 % de Français les plus pauvres ont vu leur taux d’imposition réel augmenter, celui des ménages les plus riches a baissé. « Le taux d’imposition moyen des 0,1 % les plus riches est passé de 29,3 % en 2003 à 25,7 % en 2022 », souligne l’étude. Un constat qui relance le débat sur une taxation renforcée des plus fortunés, alors que le gouvernement envisage de les mettre davantage à contribution, sans encore définir de modalités précises.