ArcelorMittal : Une loi pour nationaliser l’entreprise adoptée par l’Assemblée nationale.
L’Assemblée nationale a adopté jeudi, en première lecture, la proposition de loi portée par La France insoumise (LFI) visant à nationaliser ArcelorMittal France, avec un vote remporté par 127 voix contre 41. La proposition, chiffrée à trois milliards d’euros, prévoit de transférer ArcelorMittal France sous contrôle public afin de préserver la filière et ses 15.000 emplois.
L’Assemblée nationale a voté jeudi, en première lecture, la proposition de loi présentée par La France insoumise (LFI) qui vise à nationaliser ArcelorMittal France, dans un contexte de crise majeure pour la sidérurgie française. Ce vote a été approuvé par 127 voix contre 41, suscitant la satisfaction immédiate des députés insoumis. Mathilde Panot a qualifié ce moment de « victoire historique », tandis que Jean-Luc Mélenchon a déclaré que cela représente « une page d’histoire à l’Assemblée nationale ».
Cependant, ce succès est principalement symbolique. Le texte doit maintenant être examiné par le Sénat, où la droite et le centre détiennent la majorité. Plusieurs parlementaires ont rapidement souligné cet obstacle. « La loi ne sera pas appliquée », a prédit le député Horizons Sylvain Berrios, tandis que Jean-Philippe Tanguy (RN) a affirmé que la chambre haute « ne votera jamais votre loi ». Du côté de la gauche, la rapporteure Aurélie Trouvé a soutenu que « plus ça ira, plus on verra comme une évidence politique qu’il faut nationaliser ArcelorMittal ».
La proposition, évaluée à trois milliards d’euros, vise à transférer ArcelorMittal France sous contrôle public pour protéger la filière et ses 15.000 emplois. Pour LFI, cela représente la seule solution pour contrecarrer le plan social annoncé en avril et relancer la décarbonation des hauts-fourneaux. Le gouvernement, en revanche, rejette cette solution. Le ministre de l’Industrie Sébastien Martin a estimé que la nationalisation « fragiliserait l’emploi au lieu de le protéger » et que la véritable menace provient du « tsunami » d’acier asiatique.
Les socialistes ont soutenu le texte tout en plaidant davantage pour une « mise sous tutelle » plutôt qu’une nationalisation. Le Rassemblement national, qui s’est abstenu, propose une « golden share », un droit de veto de l’Etat sur les décisions stratégiques sans prise de contrôle directe. Le camp présidentiel, peu présent lors du vote, s’oppose à cette idée. « Arrêtez de faire croire qu’un changement de propriétaire, ça résoudra le problème », a prévenu Marie Lebec (Renaissance).
Le vote a eu lieu en présence de salariés d’ArcelorMittal venus soutenir la proposition. En parallèle, environ 300 personnes, d’après la police, ont manifesté sur l’esplanade des Invalides à l’appel de la CGT. Des fumigènes et des pétards ont rythmé la mobilisation, sans incident. Le syndicat prévoit de maintenir la pression jusqu’au 3 décembre, date à laquelle le « plan acier » sera voté au Parlement européen. « Il faut qu’on tienne la pression jusque là-bas », a souligné Gaétan Lecocq, délégué CGT à Dunkerque.
Profitant de leur journée parlementaire réservée, les députés LFI ont également réussi à faire adopter deux autres textes : une résolution demandant au gouvernement de s’opposer à l’accord de libre-échange UE-Mercosur, ainsi qu’une proposition visant à garantir l’égalité d’accès au service postal dans les Outre-mer.

