France

Après « Parasite », Bong Joon-ho se réinvente pour « Mickey 17 »

Il est de retour ! Bong Joon-ho aura pris son temps après le triomphe international de Parasite en 2019. On peut aisément comprendre la pression que le cinéaste sud-coréen a subie après sa moisson d’Oscars et sa Palme d’or. Cela valait la peine d’attendre : Mickey 17, film de science-fiction en langue anglaise, fait penser à Okja avec son appel à réfléchir sur le monde qui nous entoure et son côté un brin bordélique.

Robert Pattinson y incarne le rôle-titre : un brave gars pas bien malin qui a accepté d’être un pur consommable chargé de participer à des expériences mortelles avant d’être reproduit inlassablement après son décès programmé. Le comédien joue toutes les versions de « Mickey » résigné à son sort funeste jusqu’au jour où, bien évidemment, tout cela tourne mal. Mark Ruffalo, Toni Collette et Anamaria Bartolomei sont aussi de la partie pour ce franc délire.

Tout naturellement engagé

C’est un monde terrible que décrit le réalisateur qui se défend d’avoir voulu, de prime abord, livrer un message politique en adaptant le roman Mickey7 d’Edward Ashton. « La société dans laquelle vit Mickey trouve normal de le « réimprimer » parce que c’est son métier et qu’il a signé pour, explique Bong Joon-ho. Cela conduit à se demander quel système peut autoriser ce type de comportements et c’est là que j’ai compris que mon film était politique. C’est venu naturellement. »

Bong Joon-ho après sa rencontre avec « 20 Minutes »
Bong Joon-ho après sa rencontre avec « 20 Minutes » - Caroline Vié

Le réalisateur livre une réflexion passionnante sur la colonisation et les horreurs qu’elle implique quand il décrit comment les Humains massacrent le peuple de la planète qu’ils envahissent. « La question éthique est importante, confie-t-il, mais j’ai choisi de la traiter avec humour en faisant de Mickey un homme ordinaire un peu benêt. » On rit souvent car le rélisateur ne ménage pas son héros.

« L’histoire ne fait que se répéter

« Mickey, c’est le gentil garçon qui fait pitié avec son air lamentable et ses chaussettes trouées, explique Bong Joon-ho. Il n’arrive pas à s’énerver, même quand on le traite comme un chien. ». Et pourtant, il a de quoi être en colère quand il est déshumanisé par un dictateur flamboyant qui n’est pas sans rappeler un certain président des Etats-Unis. « On n’a pas pensé à Donald Trump, insiste le réalisateur. J’ai écrit le scénario en 2020 et on a tourné en 2022. Mark Ruffalo et moi nous sommes basés sur de nombreux hommes politiques du passé pour créer le personnage qu’il incarne. Le film fait écho au présent ce qui tend à prouver que l’histoire ne fait que se répéter. » Un peu comme le pauvre Mickey condamné à être inlassablement dupliqué pour être de nouveau envoyé au casse-pipe.

Nos articles Cinéma

« Je m’identifie à Mickey, plaisante le réalisateur. Moi aussi, je me réimprime sans arrêt. Comme j’en suis à mon huitième film, je suis Joon-ho 8 car mon corps et mon esprit sortent broyés à chacun de mes projets. J’ai l’impression de renaître régulièrement. » Le cinéaste s’est déjà régénéré : il travaille en ce moment sur un film d’animation qui devrait être prêt pour 2026.