France

Antisémitisme : Une nourrice accusée d’avoir intoxiqué une famille juive.

Une nourrice sera jugée mardi à Nanterre pour avoir intoxiqué les parents des enfants qu’elle gardait en janvier 2024, avec la circonstance aggravante d’antisémitisme. Pendant sa garde à vue, la femme a initialement reconnu avoir introduit des produits d’entretien dans des bouteilles d’alcool et cosmétiques, selon l’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel consultée par l’AFP.


Un vin mélangé avec un produit d’entretien et un démaquillant irritant pour les yeux… Une nourrice comparait devant le tribunal mardi à Nanterre pour avoir intoxiqué les parents des enfants dont elle s’occupait en janvier 2024, avec la circonstance aggravante d’antisémitisme.

Alors que la nourrice, une femme algérienne de 40 ans à l’époque, travaillait pour cette famille depuis le mois d’octobre, la mère de trois enfants âgés de 2, 5 et 7 ans a constaté qu’une bouteille de vin dégageait une odeur de produit ménager, qu’un jus de raisin sentait la javel et que son démaquillant lui irritait les yeux.

Elle a alors déposé plainte au commissariat de Levallois-Perret, dans les Hauts-de-Seine. Les enquêteurs ont découvert des traces de produit nettoyant, toxique pour les humains, à plusieurs endroits dans la maison : dans des bouteilles de vin, d’alcool et de jus de raisin, dans un plat de pâtes cuisiné au whisky, ainsi que dans un démaquillant.

Durant sa garde à vue, la femme a d’abord reconnu avoir ajouté des produits d’entretien dans des bouteilles d’alcool et de cosmétiques, selon l’ordonnance de renvoi au tribunal correctionnel consultée par l’AFP. Lorsqu’on lui a demandé ses motivations, elle a répondu : « parce qu’ils ont de l’argent et le pouvoir, j’aurais jamais dû travailler pour une Juive ».

Le juge d’instruction a retenu la circonstance aggravante d’antisémitisme lors du renvoi du dossier à la cour. L’un des avocats de la famille, Me Sacha Ghozlan, a évoqué un « antisémitisme d’atmosphère, dans l’intimité du cadre familial », tandis que son confrère Me Patrick Klugman a déploré que les enfants du couple n’aient pas été considérés comme victimes.

« Ce sont les enfants qui étaient au contact direct de la nourrice, sans savoir qu’ils étaient constamment exposés à sa vindicte contre les Juifs », a-t-il regretté, rappelant qu’ils avaient déclaré l’avoir vue frapper sur la mézouza à la porte du domicile et qu’elle les interrogeait de manière insistante sur leur judaïsme.

« C’était comme une punition par rapport à ce qu’ils ont fait envers moi, les enfants je ne leur ai pas mis de substance », a déclaré la prévenue devant les enquêteurs, « excluant tout motif religieux dans le passage à l’acte », selon l’ordonnance de renvoi.

Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Yonathan Arfi, témoignera pour la partie civile, et deux associations, l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), se sont constituées parties civiles, a annoncé Me Sacha Ghozlan. L’avocate de la prévenue n’a pas pu être jointe par l’AFP.