Anne Hidalgo critiquée pour ses dépenses et son manque de transparence.
Entre 2020 et 2024, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a engagé 84.200 euros de frais de représentation, incluant des dépenses telles que deux robes Dior pour 6.320 euros en 2024 et un manteau Burberry à 3.067,50 euros en 2023. L’association AC !! anticorruption a déposé plainte pour prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics, ce qui a conduit à une perquisition à la mairie en mars 2024.

Paris, capitale de la mode et ville de la « Fashion week », est reconnue pour son image de haute couture. La maire, Anne Hidalgo, a œuvré durant ses deux mandats pour incarner cette image. Cependant, cela s’est fait au détriment des finances de la mairie et donc du patrimoine public.
C’est ce que révèle Mediapart, qui a eu accès à certaines notes de frais de la maire de Paris. Les montants sont frappants. Les dépenses concernent des vêtements de luxe, des déplacements partiellement justifiés, et leurs justifications. Voici un aperçu des reproches faits à Anne Hidalgo.
Un manque de transparence
Selon le média, Anne Hidalgo a affirmé sa volonté de transparence dès son arrivée à l’Hôtel de Ville en 2014. Un code de déontologie basé sur « l’intérêt public, la probité, l’impartialité, l’indépendance et l’exemplarité » a été voté en Conseil de Paris, et une commission de déontologie a été mise en place, comme le mentionne le site de la ville.
Néanmoins, face aux demandes des journalistes ou des associations, la Mairie de Paris répond rarement, ou de façon incomplète. En 2017, le journaliste néerlandais Stefan de Vries s’est vu refuser l’accès aux notes de frais et de déplacement de la maire lors de l’année où Paris a obtenu l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques.
En 2021, trois associations (l’Union parisienne, Rouler libre et le Comité Marais Paris) ont également demandé à consulter ces documents pour 2020, mais ont de nouveau essuyé un refus. En 2024, c’est l’association Transparence citoyenne, partiellement financée par le milliardaire d’extrême droite Pierre-Édouard Stérin, qui a fait la même demande.
Malgré des victoires judiciaires et les avis en faveur de la Commission d’accès aux documents administratifs, les demandeurs n’obtiennent que des réponses très incomplètes de la mairie.
Des frais vestimentaires et de déplacements très élevés
Bien que les documents soient incomplets, ceux obtenus par Transparence citoyenne et révélés par Mediapart montrent des dépenses significatives de la maire. Au total, 84.200 euros de frais de représentation sont rapportés entre 2020 et 2024. Parmi eux, deux robes Dior en 2024 pour 6.320 euros, un manteau Burberry à 3.067,50 euros en 2023, une blouse Dior à 1.120 euros en 2021, et une veste Burberry à 1.087 euros en 2020… Ces exemples illustrent les dépenses effectuées par la maire. D’autres achats, un peu moins onéreux (entre 500 et 1.000 euros), ont souvent été réalisés au BHV, le grand magasin en face de l’hôtel de ville.
Il est à noter que chaque année, Anne Hidalgo a une enveloppe d’environ 20.000 euros à sa disposition, qu’elle utilise principalement pour des vêtements sans l’épuiser complètement : « La maire a en effet laissé à la ville un reliquat d’environ 714 euros en 2024, de 4.900 euros en 2023, de 5.800 euros en 2022, de 14 euros en 2021 et de 2.800 euros en 2020. »
Les dépenses vestimentaires d’Anne Hidalgo ne soulèvent toutefois pas les seules interrogations. Son controversé voyage à Tahiti en 2023, ainsi que plusieurs autres voyages, notamment à New York (deux fois) ou Tokyo, bien que justifiés, ne fournissent pas de notes détaillées ou des justifications complètes des dépenses engagées. Par ailleurs, il est rapporté que les voyages de ses collaborateurs ont coûté la somme de 400.000 euros entre 2020 et 2024.
Le cabinet d’Anne Hidalgo se défend
Le cabinet d’Anne Hidalgo défend ces dépenses en affirmant que « la maire de Paris incarne la France à l’étranger ». « Elle se doit de représenter la culture française et la haute couture, à l’instar de la première dame ou des ministres. Mais il ne s’agit pas là de robes à 10.000 euros. En plus, elle les réutilise », ajoute-t-il.
En réponse aux relances de Transparence citoyenne, il précise que « la maire participe à de nombreuses représentations officielles » et « reçoit des chefs d’État et des délégations étrangères tout au long de l’année ».
Pour détourner l’attention et adresser une critique à Rachida Dati, elle aussi en difficulté avec ses affaires, la mairie a indiqué à Mediapart que « la maire de Paris n’utilise pas ses frais de représentation pour s’offrir des bijoux et tout est déclaré ».
Dans un entretien avec Le Parisien, le cabinet réfute les accusations en rappelant que « les frais de représentation de la maire de Paris et des maires d’arrondissement sont encadrés », ajoutant que l’URSSAF « a effectué un contrôle sur ces frais de représentation et les justificatifs produits. L’URSSAF n’a émis aucune observation, confirmant la validité et régularité de notre processus ».
Les oppositions vent debout, saisissent l’occasion
Ces justifications ne convainquent pas les oppositions, qui exploitent ces révélations. Sur le réseau X, Aurélien Véron, conseiller de Paris et porte-parole du groupe Changer Paris, s’indigne : « Le Conseil de Paris n’a jamais voté de mandat spécial pour ces déplacements. »
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Geoffroy Majnoni d’Intignano, autre porte-parole du groupe, en profite pour critiquer toute la majorité à quelques mois des élections municipales : « Les élus PS, EELV & PCF de sa majorité l’ont couverte et ont bien profité du système. Il y a quelque chose de profondément pourri à la Mairie de Paris. »
Une enquête en cours
Que ces dépenses soient justifiées ou non, l’affaire ne s’arrêtera pas là puisque l’association AC !! anticorruption a déjà porté plainte pour prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics, ce qui a conduit à une perquisition à la mairie en mars 2024. Selon Mediapart, le Parquet national financier confirme que « l’enquête est toujours en cours et entre dans sa phase d’achèvement ».

