Alsace : « Rassurant », « triste aussi »… On a assisté à la (fausse) attaque terroriste sur un marché de Noël
A Eguisheim (Haut-Rhin),
Des militaires et gendarmes en arme, des pompiers, le Samu ou encore de nombreuses personnes avec des gilets de toutes les couleurs… Les touristes qui sont venus visiter Eguisheim ce jeudi ont dû repartir avec de drôles de souvenirs. Ils ne s’attendaient certainement pas à ça en entrant dans l’un des plus beaux villages de France, sacré en 2013 dans l’émission de Stéphane Bern.
Mais un « exercice de Sécurité civile au sein du marché de Noël », premier du genre dans le Haut-Rhin, était programmé de longue date. « Je sais que d’autres maires avaient refusé mais moi, j’ai accepté quand la préfecture m’a demandé, explique Claude Centlivre avant de se justifier. Chaque année, nous avons environ 100.000 visiteurs et le pire des scenarii pour nous serait qu’il y ait un attentat terroriste. Là, on a pu voir s’il y avait ou non des trous dans la raquette au niveau de la sécurité. »
Le résultat, précis, et ses conclusions, l’édile ne le connaîtra que dans quelques mois. Quand le « Retex », le retour d’expérience de cette longue matinée, sera établi. « Et on pourra s’en servir pour l’an prochain, précise le préfet du Haut-Rhin Thierry Queffélec. Mais je vous rassure, on n’a pas attendu cet exercice pour être prêt dès cette année. »
« On a entendu des cris »
Le scénario du jour était plutôt simple : des assaillants sévissaient en plein marché de Noël d’Eguisheim. Combien étaient-ils ? Avec quelles armes ? Afin que la simulation soit la plus proche des conditions réelles, les autorités en savaient le moins possible et ont dû s’adapter au fur et à mesure. A partir de 9h01 précisément quand, au milieu des chalets… « On a entendu des cris et les sirènes qui indiquaient qu’un incident venait de se produire, raconte un habitant de la commune, qui s’était porté volontaire pour être figurant. A partir de là, les agents de sécurité qui sont là d’habitude nous ont orientés pour nous mettre à l’abri. Soit vers l’école, soit vers la mairie. »
Au sol, deux personnes (des mannequins hein) avaient déjà perdu la vue. Plus loin, d’autres figurants blessés s’étaient réfugiés un peu où ils pouvaient dans le centre du village. Peut-être à proximité de ou des terroristes, encore non identifiés à ce moment-là. Des témoins avaient, eux, prévenu les secours et le maire, qui avait fait remonter l’information plus haut et confiner l’école. De quoi déclencher une alerte SMS : à 9h50, tous les téléphones présents sur place recevaient un texto leur demandant « d’évacuer les lieux par les voies latérales et dispersez-vous. »
La suite ? Elle a été un peu longue à se dessiner. Les hommes du Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) ont mis plus d’une demi-heure pour arriver. Arme à la main, gilet pare-balles et tout de noir vêtus, ils se sont alors efforcés de sécuriser la zone. « Il faut bien se dire qu’ils ne savaient pas du tout qui était les assaillants. Ils ont avancé en contrôlant tout le monde. Le premier objectif était de neutraliser, protéger et secourir », signale le préfet.
La mission a été petit à petit menée puisque les gendarmes ont ensuite stoppé les deux terroristes. L’un tentait de quitter la zone sécurisée, habillé en civil. « Je n’ai rien fait du tout, laissez-moi tranquille. Je vous filme », a-t-il répété dans un jeu d’acteur bien maîtrisé. Avant de se faire coucher au sol par les militaires qui ont trouvé sur lui et un couteau et un pistolet (en plastique). « C’est pas à moi, c’est le Père Noël qui me les a donnés ! », s’est-il encore défendu, non sans humour.
« Ça fait très réel »
« Target (cible) interpellée », signalait de son côté un gendarme au talkie-walkie. Les secours pouvaient entrer en scène. En colonne, des pompiers pénétraient quelques minutes plus tard dans le périmètre. Avec eux aussi des tenues très particulières, proches de celles du PSIG. Un blessé était évacué sur une barquette de sauvetage, jusqu’à être transporté hors de la zone.
L’opération était maintenant terminée. Bilan : cinq morts, trois blessés en urgence absolue et sept en urgence relative. « On a fait travailler toute la chaîne », se félicite le préfet en citant les presque 200 personnels engagés. Soit 73 pompiers, 50 gendarmes ou policiers, une quinzaine pour le Samu, une quarantaine de figurants, un groupe Sentinelle de l’armée… sans oublier l’hélicoptère qui a tourné une bonne heure dans le ciel d’Eguisheim.
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Impressionnant pour tout le monde… « C’est rassurant de voir tout ça. Même si on le savait depuis un mois, ma fille n’a pas dormi la nuit dernière, elle avait un peu peur », commente un figurant. « C’est très bien que ce soit organisé mais triste aussi », pense de son côté Sandrine. « Si on m’avait dit ça il y a vingt ans… En tout cas, tout le monde est très sérieux, ça fait très réel », poursuit-elle. Le marché de Noël d’Eguisheim peut ouvrir avec quelques garanties, ce vendredi.