Alsace : « On lui doit la vérité »… Cinq ans après, ils veulent savoir comment Dimitri, interné, est mort à l’hôpital

«Il aurait eu 33 ans aujourd’hui… » Ce mercredi, les proches de Dimitri Perrier se rassembleront en sa mémoire. Pas n’importe où : ce jour anniversaire, ils ont choisi d’en passer une partie devant le tribunal judiciaire de Colmar (Haut-Rhin).
« C’est pour montrer que tant qu’on ne saura pas la vérité, on ne lâchera pas », explique à 20 Minutes sa mère, Stéphanie Neunreuther. Voilà plus de quatre ans qu’elle « n’arrive pas à faire (son) deuil ». Depuis ce 11 août 2020, lorsqu’elle a enfin réussi à joindre l’hôpital psychiatrique de Rouffach où son enfant, diagnostiqué autiste, était interné depuis une quinzaine de jours.
« D’habitude, j’appelais à 13 heures Dimitri mais là, on m’avait dit qu’il était à la sieste. Soit. Le soir, quand j’ai eu un infirmier, je l’ai tout de suite senti gêné. Il m’a dit qu’il était désolé et qu’un médecin allait me contacter », se souvient cette habitante d’Ungersheim (Alsace). Quelques minutes plus tard, elle apprenait l’insupportable. « J’avais compris qu’il s’était passé quelque chose de grave. J’ai dit au docteur “ne m’annoncez pas que mon fils est mort”. Mais si. »
Dimitri Perrier traversait alors une période « compliquée ». « Il souffrait de crises d’angoisse à répétition. Le confinement lui avait fait beaucoup de mal », se souvient son oncle en évoquant un jeune homme « méconnaissable ». « Les jours d’avant, il était blanc comme un linge. Il n’avait littéralement plus les yeux en face des trous », ajoute Florian Coulon, lui qui avait réalisé en 2023 un montage vidéo, notamment avec des images des dernières journées de la victime (voir ci-dessous). Mais, insiste-t-il, « Dimitri n’avait montré aucun signe avant-coureur. Il n’était pas malade. »
L’autopsie l’a depuis prouvée, le jeune homme n’avait « pas de problème particulier de santé ». « Toutes les causes physiologiques ont été écartées, le suicide aussi », complète l’avocat de la famille, maître Jean-Paul Cordier. « Alors, forcément, il y a des causes externes à sa mort. »
Lesquelles ? Ses proches ne le disent pas ouvertement mais soupçonnent une intoxication médicamenteuse au sein de l’établissement. D’autant qu’ils ont eu le sentiment, dès le début, que des aspects leur avaient été cachés. « J’avais demandé son dossier médical et sa dernière ordonnance mais on m’a dit que ce n’était pas possible », détaille encore sa mère. « J’ai proféré des menaces et ce sont les gendarmes qui ont finalement dû aller tout récupérer. »
« Que justice soit rendue »
Une enquête aux fins de recherche des causes de la mort a ensuite été ouverte, avec une première expertise. Insuffisante selon la famille, qui en a demandé de nouvelles. « Deux autres experts ont été nommés par le juge d’instruction et lui ont envoyé leur conclusion », reprend le conseil, qui attend désormais une réponse de la justice. « Je sais que le dossier a depuis été transmis au parquet. Mais que va-t-il faire maintenant ? Ouvrir une information judiciaire ou classer sans suite ? La famille a besoin d’avoir des réponses et d’être renseigné sur la procédure. »
« Ils ont tous les éléments pour faire un procès », ose croire Stéphanie Neunreuther. « Il faut que justice soit rendue. Pour nous, le plus dur est de ne pas savoir comment il est mort. Je lui dois la vérité. C’est une promesse que je me suis faite. »
Joint par 20 Minutes, l’établissement psychiatrique indique qu’une « information judiciaire est en cours. Il y a lieu de rappeler qu’à ce jour l’hôpital n’a pas été mis en cause. Le centre hospitalier de Rouffach répond aux sollicitations de la justice et continuera bien évidemment à se tenir à sa disposition. »