France

Alpes-Maritimes : Les villages coupés du monde par la tempête Alex testent une solution pour « rester connectés »

« Il n’y avait plus aucun accès routier. Plus d’électricité. Et donc plus aucune communication possible avec l’extérieur. » Loetitia Loré, la maire de Venanson, s’en souvient comme si c’était hier. Le soir du 2 octobre 2020, alors que trois vallées des Alpes-Maritimes sont ravagées par la tempête Alex et ses inondations meurtrières, le village perché se retrouve dans le noir. Et dans l’incapacité de se faire entendre.

Câbles électriques, réseaux fixes, mobiles… tout avait été emporté un peu plus bas. « Nous n’avions que la radio des pompiers qui s’étaient retrouvés coincés avec nous », se rappelle l’élue. Les 140 habitants sont alors coupés du monde, dans l’impossibilité de rassurer leurs proches. Pendant plusieurs jours. Depuis, la petite municipalité s’est dotée d’un téléphone satellitaire. « On sait bien qu’on n’est pas à l’abri d’un nouveau déluge, appuie Loetitia Loré. Mais ce n’est pas l’idéal. L’utilisation est très contrainte, pas ouverte à tout le monde et on a souvent des problèmes de connexion. »

La réponse, pour garantir à ces villages isolés d’échapper au black-out en cas de nouvelles catastrophes, pourrait venir d’Orange. Après être passé par Breil-sur-Roya et Tende, également dans la vallée de la Vésubie, la semaine dernière, l’opérateur était donc à Venanson lundi pour poursuivre le test, grandeur nature, du dispositif « de télécommunications de secours » qu’il développe justement pour fournir ces collectivités.

Dix heures de fonctionnement sur batteries

« Une partie du traumatisme pour les habitants des vallées touchées a été de ne pas pouvoir donner de nouvelles, appuie Grégory Roger, chef de produit marketing en charge notamment de l’adaptation aux changements climatiques chez le géant de la téléphonie. L’idée est de leur permettre de rester connectés. » La solution proposée, baptisée SafetyCase, tient dans une petite malle sur roulettes de 70 kg.

« Il y a un module de transferts de données par satellite et un routeur Wifi qui permet des dizaines de connexions simultanées pour faire retrouver du réseau à n’importe quel smartphone, présente le responsable. Le tout est alimenté par des batteries nouvelles générations qui garantissent un fonctionnement de dix heures. Et il y a également un onduleur qui permet une utilisation continue si le courant est toujours branché, mais instable comme c’est souvent le cas en cas de violentes intempéries. »

Dans la mairie de Loetitia Loré, on a fait tomber le disjoncteur pour une simulation en conditions presque réelles. Et après une quinzaine de minutes d’installation et la mise en place d’antennes mobiles sur une des terrasses, le système, qui renferme également une radio HF, une tablette numérique, quatre talkies-walkies, des cartes routières, une lampe et même un couteau-suisse, est totalement opérationnel.

« Eviter de la panique inutile »

Une visioconférence a pu être tenue avec une élue d’une commune voisine et un habitant est venu tester le Wifi « venanson_public » ouvert par l’appareil. « Même des gendarmes de la zone ont pu se connecter. La solution s’adresse aussi aux forces de secours qui doivent de plus en plus faire appel à des applicatifs métiers sur les smartphones pour gérer des interventions », poursuit Grégory Roger.

La maire du village de Venanson, elle, est déjà convaincue. « Ça me paraît très simple d’utilisation. Le lien ne serait jamais rompu avec les secours et les autorités. Et ça pourrait éviter beaucoup de panique inutile en permettant aux administrés d’échanger avec leur famille », avance Loetitia Loré.

Mais pour que sa mairie s’en procure une, il faudra encore attendre. Pour le moment, Orange n’a programmé aucune date de commercialisation, ni dévoilé de prix. « Les expérimentations doivent se poursuivre pour améliorer le produit », indique-t-on chez l’opérateur. A Valdeblore, toujours dans les Alpes-Maritimes, ce mardi, l’opérateur prévoit d’aller tester sa solution dans des communes d’Île-de-France, qui pourraient être concernées par des crues de la Seine ou de l’Oise, ou encore en Bretagne.