France

Allergies aux pollens : Porter un masque peut-il aider à réduire les symptômes ?

On l’attendait depuis longtemps, le redoux des températures est enfin là. Et même les moins bien lotis côté météo, plutôt dans la moitié nord du pays, recommencent à voir le ciel bleu depuis quelques jours. ça, c’est pour le bon côté des choses, et vu les records de pluies et de grisaille des derniers mois, on savoure. Le revers de la médaille, c’est que cet avant-goût de printemps, comme chaque année, apporte dans son sillage les nuées de pollens que les allergiques redoutent.

Nez qui coule, yeux qui grattent, gorge qui pique voire crises d’asthme : toute la symptomatologie classique des personnes allergiques aux pollens se réveille. Sur sa carte du risque d’allergie aux pollens, le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) relève ce lundi que 17 départements sont en alerte rouge dans la moitié sud du pays. En cause, les « pollens de Cupressacées-Taxacées (cyprès, thuyas, genévriers) qui n’ont pas dit leur dernier mot et continueront de gêner fortement les allergiques dans le sud du pays avec un risque d’allergie qui sera élevé lors des journées plus ensoleillées », prévient le RNSA. Comment se prémunir de ses allergies ? Et si porter le masque aidait à moins souffrir des pollens ?

Un effet protecteur

Il y a cinq ans, la France se confinait pour cause de pandémie de Covid-19. Du jour au lendemain, notre quotidien a changé. Et on s’est alors habitué – à partir du moment où on a réussi à en trouver – à porter un masque pour se protéger du virus. Au retour des beaux jours durant les printemps 2021 et 2022, patients et allergologues ont constaté que le masque, porté contre le Covid-19, avait aussi l’avantage de protéger des pollens en suspension dans l’air. Côté patients, cela s’est logiquement traduit par une baisse de la virulence des symptômes. Dès lors, du côté des allergologues, porter le masque en extérieur a rejoint la liste des mesures préconisées pour ne pas trop souffrir des pollens. Cela « limite un peu le passage des pollens directement dans le nez, a observé dès 2022 l’allergologue Sophie Silcret-Grieu. Beaucoup de patients disent que ça aide à limiter les symptômes nasaux ».

Un constat confirmé par une étude publiée en janvier 2021 dans l’American Journal of Otolaryngology. Une équipe de chercheurs du département d’oto-rhino-laryngologie de la Faculté de médecine de l’Université de Pamukkale, en Turquie, a ainsi « observé que le port du masque réduisait les symptômes de rhinite allergique nasale et oculaire chez les personnes allergiques au pollen. Ces résultats soutiennent l’hypothèse selon laquelle l’utilisation de masques faciaux réduirait la gravité des symptômes de la rhinite allergique ». Dans le cadre de leurs travaux menés sur 50 participants définissant pour une grande partie d’entre eux (92 %) leurs symptômes nasaux comme sévères à modérés avant la pandémie, « ce taux a diminué à 56 %, soit 28 patients, pendant la pandémie grâce au port du masque, ont rapporté les chercheurs. Concernant les symptômes oculaires, le même taux a diminué, passant de 60 % (30 patients) à 32 % (16 patients). La plus forte régression des symptômes allergiques a été observée pour les éternuements et l’écoulement nasal ».

L’effet de la pollution sur les pollens

Mais pour un effet optimal du masque quand on est allergique aux pollens, cela dépend aussi du modèle que l’on choisit. Un simple masque chirurgical, le modèle bleu classique, fera barrage au gros des pollens présents dans l’air. Mais il ne permettra pas de filtrer les particules fines en cas de forte pollution atmosphérique. Or, « les pollens sont plus allergisants quand il y a de la pollution, a rappelé à 20 Minutes le Pr Isabella Annesi-Maesano, épidémiologiste des maladies allergiques et respiratoires et directrice de recherche à l’Inserm. Sous l’effet des polluants, les pollens s’ouvrent et libèrent en excès leur contenu hautement allergisant. Cela crée un aérosol de pollens dans l’air : beaucoup de pollens et particules polliniques ultrafines sont en suspension, donc forcément, on y est davantage exposés ».

Pollens et pollution créent ainsi « un effet cocktail vraiment délétère, selon l’épidémiologiste : la pollution est mauvaise non seulement parce qu’elle fragmente les pollens et les rend plus allergisants, mais aussi parce qu’elle fragilise les muqueuses en causant une irritation qui permet aux pollens de pénétrer plus facilement et profondément dans les voies respiratoires ». Pour s’en prémunir autant que possible en cas d’épisode simultané de circulation des pollens et de pollution atmosphérique, mieux vaut alors porter un masque FFP2, qui, lui, bloque les particules fines.

Attention les yeux

Et si vous portez des lunettes de vue, elles protégeront aussi vos yeux des pollens. Le cas échéant, on peut alors chausser ses lunettes de soleil. Pourquoi ? Les personnes allergiques connaissent déjà la réponse : quand un fragment de pollen, au hasard des vents, vient se loger dans votre œil, le compte à rebours se déclenche : on sait que l’on n’a plus que quelques secondes avant que l’œil touché ne démange, pique, rougisse et larmoie pour tenter de déloger l’intrus. L’astuce bonne à connaître : toujours avoir sur soir du collyre antihistaminique en unidoses. En quelques gouttes et quelques secondes, le soulagement est quasi-immédiat.

Parmi les autres mesures prescrites aux allergiques : adopter des gestes simples qui permettent de ne pas garder les pollens sur soi. « Se laver le nez avec un spray nasal à de l’eau de mer protège également », selon le Dr Silcret-Grieu. Un geste qui permet de déloger pollens, mais aussi mucus et bactéries. Et « se rincer le visage à l’eau et se brosser les cheveux quand on rentre à la maison permet de ne pas mettre de pollen dans le lit » et gêner le sommeil. Autant de mesures qui aident à moins souffrir des pollens mais qui ne se substituent pas à un traitement antihistaminique adapté en cas d’allergie sévère.

A ce jour, rapporte le ministère de la Santé, les allergies aux pollens touchent « 20 % des enfants à partir de 9 ans et de 30 % des adultes ».