Allemagne : L’armée autorisée à abattre tous les drones suspects
Face à la multiplication de survols non élucidés au-dessus d’infrastructures critiques, le gouvernement allemand a décidé d’autoriser l’armée à abattre les drones suspects. Jusqu’à présent limitée à un rôle de soutien, la Bundeswehr pourra désormais intervenir directement en cas de menace grave, sous réserve que la police ne puisse techniquement gérer la situation.
« Nous ne nous laissons pas intimider », a affirmé la ministre de l’Intérieur, Nancy Faeser, en pointant une recrudescence de l’usage des drones depuis « l’invasion de l’Ukraine par Poutine ». Selon le ministère, les nouveaux dispositifs législatifs visent à contrer les risques d’espionnage et de sabotage posés par ces engins sophistiqués.
Plusieurs incidents ces derniers mois
Ces derniers mois, plusieurs incidents ont mis l’Allemagne en alerte. Lundi, au moins dix drones ont survolé une zone militaire abritant le site de fabrication des avions de combat Eurofighter à Manching, en Bavière. Des incidents similaires ont été signalés sur des sites d’Airbus Defence and Space et des installations militaires proches.
En août, des drones ont survolé une zone industrielle comprenant une centrale nucléaire et un terminal de gaz naturel à Brunsbüttel. En décembre, des survols nocturnes ont visé des installations stratégiques, notamment celles du groupe Rheinmetall et la base aérienne américaine de Ramstein. « Les drones, en tant qu’instrument d’espionnage et de sabotage, peuvent être un véritable danger, particulièrement pour nos infrastructures critiques », a averti Nancy Faeser.
Technologie avancée et menaces hybrides
Les autorités signalent que les drones utilisés présentent des capacités sophistiquées, dépassant celles des modèles commerciaux, et pourraient être déployés au profit d’agences d’Etat étrangères. « La technologie avancée de nombreux drones place les autorités policières devant des défis de plus en plus grands », ont-elles noté.
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Premier soutien militaire de l’Ukraine en Europe après les Etats-Unis, l’Allemagne se considère particulièrement vulnérable aux menaces hybrides, notamment en raison de sa proximité géographique avec la Russie. Par ailleurs, le projet de loi, adopté mercredi en conseil des ministres, modifie la loi sur la sécurité aérienne et doit encore recevoir l’approbation du Bundestag. Le porte-parole du gouvernement, Steffen Hebestreit, espère un vote avant les élections anticipées du 23 février.