Algérie : Expulsion d’agents de l’ambassade, interpellations… La crise diplomatique reprend entre Paris et Alger

La crise diplomatique qui dure depuis plusieurs mois entre la France et l’Algérie ne semble finalement pas près de s’arrêter. Après une tentative d’enrayer les tensions, actée par une rencontre entre le ministre des Affaires étrangères français et le président algérien, celles-ci sont reparties de plus belle depuis vendredi. 20 Minutes fait le point sur la situation.
Qu’est ce qui ravive les tensions entre Paris et Alger ?
Les autorités algériennes ont demandé à douze fonctionnaires français en poste en Algérie de quitter leur territoire, a annoncé lundi le chef de la diplomatie française, précisant que cette décision était une réponse à l’arrestation de trois ressortissants algériens en France. « Je demande aux autorités algériennes de renoncer à ces mesures d’expulsion sans lien avec la procédure judiciaire en cours », a dit Jean-Noël Barrot dans une déclaration écrite transmise à des journalistes.
« Si la décision de renvoyer nos agents était maintenue, nous n’aurons d’autre choix que d’y répondre immédiatement », a-t-il averti. Parmi les onze agents qu’Alger souhaite expulser, certains sont fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, a indiqué à l’AFP une source diplomatique.
Qu’est ce qui a déclenché une telle décision ?
Vendredi, trois hommes, dont l’un employé dans l’un des consulats d’Algérie en France, ont été mis en examen à Paris pour arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivie de libération avant le 7e jour, en relation avec une entreprise terroriste, selon le Parquet national antiterroriste (Pnat) français.
Dans cette affaire qui concerne l’opposant au régime algérien Amir Boukhors, influenceur surnommé Amir DZ, ces hommes sont aussi poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. Ils ont été placés en détention provisoire. Le ministère algérien des Affaires étrangères a tonné samedi soir contre « ce nouveau développement inadmissible et inqualifiable [qui] causera un grand dommage aux relations algéro-françaises ». Il s’est engagé à ne pas « laisser cette situation sans conséquences » et a « reçu » l’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, pour « exprimer [s]a vive protestation ».
Une « nouvelle phase » qui n’aura pas duré
Ces propos contrastent avec l’annonce la semaine dernière par le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot d’« une nouvelle phase » pour les relations entre Paris et Alger, à l’issue d’un entretien avec son homologue Ahmed Attaf et surtout avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune.
Lui et le président français avaient acté quelques jours auparavant la fin d’une crise d’une intensité rare, qui avait conduit les deux pays au bord de la rupture diplomatique. A l’issue d’un long échange téléphonique, ils avaient acté la relance d’un « dialogue fructueux », « d’égal à égal », et de la coopération migratoire et sécuritaire.