France

Algérie : Christophe Gleizes, journaliste français emprisonné, est « combatif » mais « isolé », selon ses parents

Christophe Gleizes garde « le moral ». Emprisonné à Tizi Ouzou en Algérie, le journaliste sportif français « se sent coupé du monde », confient à l’AFP ses parents qui ont pu le voir lors de deux visites au parloir en août. En pleines tensions entre Paris et Alger, ils tentent de rester confiants avant un procès en appel attendu à l’automne après une condamnation à sept ans de prison prononcée le 29 juin pour des contacts avec des dirigeants du foot kabyle.

Seul journaliste français actuellement détenu à l’étranger, il a été condamné pour « apologie du terrorisme » et « possession de publications dans un but de propagande nuisant à l’intérêt national », des griefs « totalement absurdes » selon ses parents. Comment va le journaliste collaborateur des magazines « So Foot » et « Society », après près de deux mois de détention ? « On s’est rendu en Algérie du 11 au 22 août et le 12 août, on a pu le voir une première fois dans un parloir d’une demi-heure […] Le premier choc, c’est l’apparence physique, je ne l’avais jamais vu le crâne rasé. Mais il allait bien, il était en bonne condition physique, il faisait énormément de sport pour se vider la tête », répond à l’AFP Sylvie Godard, sa mère. « Ça l’a rasséréné parce qu’il pensait qu’il était un peu oublié dans sa prison […] il ne sait rien de ce qui se passe en France », ajoute Francis Godard, son beau-père. « Par contre, même s’il a le moral, même s’il est combatif, il se sent totalement coupé du monde, isolé », ajoute Sylvie Godard.

Crise diplomatique

La justice lui reproche d’avoir été en contact avec un dirigeant du club de foot de la Jeunesse Sportive de Kabylie, par ailleurs responsable du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, classé organisation terroriste par les autorités algériennes.

La condamnation est intervenue dans un contexte de crise diplomatique aiguë entre l’Algérie et la France, avec des expulsions de diplomates de part et d’autre et l’arrestation mi-novembre de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison en Algérie pour « atteinte à l’unité nationale ».

Sa famille se dit inquiète du nouveau durcissement des relations entre la France et l’Algérie depuis qu’Emmanuel Macron a demandé début août « plus de fermeté ». « On ne peut pas se réjouir de la position actuelle du président de la République », assure Francis Godard. « On veut que Christophe ne soit pas un fusible. […] On ne veut pas qu’on se serve du cas de Christophe pour régler des questions politiques dans lesquelles Christophe n’a rien à voir », ajoute sa mère.

Selon Reporters sans frontières, qui accompagne ce journaliste, seul Français parmi les 573 journalistes détenus dans le monde, son procès en appel pourrait avoir lieu à l’automne.