Aimer « Yoro » sans être fan d’Orelsan : pourquoi ?
Orelsan revient au cinéma avec Yoroï, un nouveau long métrage signé David Tomaszewski, dix ans après Comment c’est loin qu’il avait coréalisé avec Christophe Offenstein. Le film comporte des références à la culture japonaise et a été réalisé avec l’aide de Clara Choï, dont la famille est originaire d’Osaka.
Dix ans après *Comment c’est loin*, qu’il a coréalisé avec Christophe Offenstein, Orelsan est de retour au cinéma avec *Yoroï*, un nouveau long métrage réalisé par David Tomaszewski. Les deux complices, passionnés par le Japon, les anime et les mangas, ont coécrit ce film d’aventures mettant en avant le rappeur. Orelsan y incarne Aurélien, une star de la chanson épuisée par le succès, qui commence à reconsidérer sa vie et ses priorités.
Son personnage s’éloigne de ses fans, amis et famille en choisissant de s’installer dans une cabane isolée au cœur d’une forêt japonaise avec son épouse enceinte, interprétée par la dynamique Clara Choï. Ce futur père, angoissé, se retrouve bientôt prisonnier d’une armure, le « Yoroï » en japonais, tout en étant traqué par des démons menaçants, les « Yokaïs ». Bien que de nombreuses références à Orelsan et à sa carrière apparaissent dans ce film fantastique plein d’humour, il n’est pas nécessaire de connaître ou d’apprécier le chanteur pour apprécier *Yoroï*.
### Une belle histoire d’amour
*Yoroï* est une belle déclaration d’amour d’un homme à son épouse, qui est cent fois plus « badass » que lui, ainsi qu’aux femmes en général. « On voulait un personnage féminin qui soit l’antithèse du mien, qui est un peu lâche », déclare Orelsan. « David Tomaszewski et moi avons des femmes qui sont beaucoup plus fortes que nous. Ce film leur rend hommage. » Cette héroïne, capable de se battre alors qu’elle est sur le point d’accoucher, impressionne réellement. « Elle n’est pas surhumaine, souligne Clara Choï. C’est juste un être humain qui en a parfois assez de tout prendre en charge. » Ce personnage démontre qu’Orelsan n’a rien d’un macho : il a évolué, tout comme sa représentation des femmes.
### Un respect pour la culture japonaise
Orelsan et David Tomaszewski sont des fans de la culture japonaise, qu’ils abordent avec un respect total. « Mon amour pour le Japon se situe davantage dans le folklore, la mythologie et l’art de vivre que dans le manga, que j’ai découvert plus tard », précise le réalisateur. L’équipe a mené des recherches approfondies pour s’adapter aux traditions locales, avec l’aide de Clara Choï, dont la famille est originaire d’Osaka. « Aurélien fantasme cette vie japonaise qu’il ne connaît que par la culture geek, et il a tout à apprendre dans la réalité. Je suis familier avec les couples métissés car ma femme est d’origine malgache », souligne Orelsan.
### Des références en veux-tu en voilà !
Orelsan et David Tomaszewski se définissent comme cinéphiles et en sont fiers. Il est très agréable de trouver les nombreuses références intégrées à *Yoroï*. Certaines, comme *Que le spectacle commence !* (chef-d’œuvre autobiographique de Bob Fosse), sont très pointues, tandis que d’autres, comme *Mon voisin Totoro* d’Hayao Miyazaki, sont plus accessibles. Le double maléfique d’Orelsan s’inspire des comics. « C’est un mélange de nombreux méchants que l’on trouve dans Spider-Man ou Batman, précise Orelsan. On le voit un peu comme une caricature de leader populiste, amplifié par les réseaux, un type dont on peut envier la façon de dire et de faire des bêtises, même s’il est odieux. »
### Des combats qui font mal
Dans *Yoroï*, il y a des monstres peu sympathiques mais très intéressants qui se réjouissent de lutter. Clara Choï et Orelsan participent pleinement à cela avec des affrontements impressionnants. « Nous avons réalisé 90 % des cascades nous-mêmes, raconte Orelsan. Nous avons seulement fait appel à des cascadeurs lorsque cela était trop dangereux. » Si le musicien pratiquait déjà des sports de combat, Clara Choï a dû commencer à s’y initier. « J’ai suivi quatre mois de MMA car je n’y connaissais rien, puis l’équipe des cascades m’a formée pour me donner une manière de combattre adaptée au cinéma. » Le résultat, très dynamique, s’avère convaincant.
### Peu de chansons
« Toute la musique, y compris les sonneries de téléphone et les bandes-son de supermarché, a été créée spécialement pour le film, explique Orelsan. Il y a aussi trois titres inédits qui seront présents dans la tournée. » Si le rap ne vous plaît pas, cela ne pose donc aucun problème. Le pire qui puisse vous arriver est d’apprécier les rares chansons du film et d’avoir envie d’acheter le nouvel album d’Orelsan, *La fuite en avant*, qui sortira le 7 novembre. Et si sa musique ne vous séduit vraiment pas, les qualités scénaristiques et esthétiques de *Yoroï*, ainsi que son côté franchement ludique, peuvent vous captiver. Il est réjouissant de constater que le cinéma français est capable de produire et de réussir ce genre de films.

