Affrontements, accusations de censure… Tout comprendre à la suspension d’Al Jazeera en Cisjordanie
L’autorité palestinienne a annoncé mercredi soir la suspension de la diffusion et des activités de la chaîne qatarie Al Jazeera en Cisjordanie. Mais pourquoi l’autorité palestinienne a-t-elle fait ce choix ? Comment réagi la chaîne qatarie ? 20 Minutes fait le point pour vous.
Pourquoi ce choix ?
D’après l’agence de presse officielle Wafa, la décision de l’autorité palestinienne découle de « l’insistance d’Al Jazeera à diffuser des contenus et reportages caractérisés par de la désinformation, de l’incitation à la sédition et de l’ingérence dans les affaires internes palestiniennes », selon la même source.
Jeudi, l’Autorité palestinienne a assuré que cette mesure était « temporaire », et qu’elle faisait suite à une plainte du Syndicat des journalistes palestiniens. Mohammad Abou Jad, porte-parole du gouvernement palestinien, a cependant déclaré que « les mesures resteront en vigueur jusqu’à ce qu’Al Jazeera choisisse d’agir conformément à l’éthique fondamentale du journalisme ».
Cette décision implique la suspension de la diffusion et le gel de « toutes les activités de la chaîne Al Jazeera et de son bureau en Palestine », ainsi que l’interruption du travail « de tous les journalistes, employés, équipes et chaînes affiliées ».
Comment a réagi la chaîne ?
Ce jeudi, Al Jazeera a dénoncé cette décision, affirmant qu’il s’agissait d’une « tentative de masquer la réalité » en Cisjordanie occupée. D’après la chaîne qatarie, elle intervient à un moment « où l’Autorité palestinienne tente de dissuader Al Jazeera de couvrir l’aggravation des événements dans les Territoires palestiniens occupés » et après « une campagne d’intimidation » menée à l’encontre de ses journalistes.
Que se passe-t-il en Cisjordanie ?
L’Autorité palestinienne, présidée par Mahmoud Abbas, détient une autorité administrative partielle en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967. Mais depuis plusieurs semaines, ses forces de sécurité sont impliquées dans des affrontements à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, avec des factions armées palestiniennes, qui ont fait une dizaine de morts. Ces groupes, dont la plupart des membres appartiennent aux mouvements islamistes Hamas et Jihad islamique, se considèrent plus efficaces pour lutter contre Israël que l’Autorité palestinienne.
Al Jazeera, qui revendique la neutralité de son travail, a affirmé jeudi que cette suspension constituait « une tentative de masquer la réalité sur le terrain dans les territoires occupés, en particulier dans des villes comme Jénine et son camp de réfugiés ».
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Quelles sont les réactions internationales ?
« Cette décision envoie un message négatif au public et aux journalistes concernant la liberté de la presse, d’autant plus que le travail des médias a considérablement régressé », a estimé Amar Dweik, membre de la Commission palestinienne indépendante pour les droits humains.
L’Association de la presse étrangère à Jérusalem a exprimé jeudi ses « graves inquiétudes » face à cette mesure qui, selon elle, « soulève de sérieuses questions sur la liberté de la presse et les valeurs démocratiques dans la région ». L’organisation Reporters sans frontières (RSF) a réclamé jeudi l’annulation de cette décision, qu’elle a qualifiée d’« acte de censure inacceptable ».