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Affaire P. Diddy : « Il a dit qu’il allait envoyer quelqu’un pour [lui] faire du mal », témoigne la mère de Cassie

A la barre du tribunal fédéral de Manhattan à New York, Regina Ventura n’a pas tremblé. « J’en étais malade », a confié la mère de la chanteuse Cassie, mardi, en évoquant les menaces que sa fille disait avoir reçues de la part du magnat du hip-hop P. Diddy. Retraitée et visiblement bouleversée, Regina Ventura a été interrogée par la procureure sur un e-mail envoyé par Cassie, de son vrai nom Casandra Ventura, le 23 décembre 2011.

Dans ce message présenté aux jurés, la chanteuse de R & B prévient sa mère que P. Diddy menace de publier « deux vidéos sexuelles explicites » la mettant en scène. Mais surtout, elle ajoute : « Il a dit aussi qu’il allait envoyer quelqu’un pour me faire du mal, physiquement, à moi et Scott Mescudi » – le nom civil du rappeur Kid Cudi, avec qui Cassie aurait eu une liaison pendant sa relation avec Sean Combs. Kid Cudi pourrait être appelé à témoigner dans les jours à venir.

Des photos du corps meurtri de Cassie Ventura

Le témoignage de la mère s’est aussi appuyé sur des clichés montrant le corps meurtri de sa fille. « Elle avait des contusions. Nous voulions des preuves, au cas où un jour elle déciderait de dénoncer les violences de Sean Combs », a expliqué Regina Ventura devant les jurés.

Face à ces accusations, la défense s’est attachée à redessiner les contours d’une relation longue et sulfureuse, faite selon elle de consentement mutuel et de sexualité librement assumée. L’un de ses avocats, Xavier Donaldson, a tenté mardi de décrédibiliser les faits en interrogeant un ancien strip-teaseur, Sharay Hayes – surnommé « The Punisher » – qui affirmait avoir participé à une dizaine de rencontres sexuelles en présence du couple. Selon lui, Cassie « ne semblait jamais mal à l’aise », même s’il a reconnu que Sean Combs « donnait les directives ».

Le verdict tombera dans plusieurs semaines

La semaine précédente, Cassie Ventura avait pourtant décrit ces « freak-offs », des marathons sexuels imposés, filmés et organisés par Sean Combs avec d’autres hommes rémunérés, alors qu’elle était sous l’influence de drogues, comme un moyen de contrôle et de domination. Elle a affirmé que la menace de diffusion des vidéos n’était qu’un levier de plus utilisé par le producteur pour la maintenir sous emprise.

Notre dossier sur P. Diddy

Au cœur de ce procès, une question capitale : P. Diddy, figure du hip-hop américain, a-t-il mis depuis 2004 son empire financier et son influence au service d’un système d’exploitation sexuelle ? Inculpé pour trafic sexuel, transport à des fins de prostitution, enlèvement, corruption et violences, il risque la prison à vie. Les 12 jurés, épaulés de six suppléants, devront trancher après plusieurs semaines d’audiences rythmées par des témoignages crus, des preuves accablantes et une défense offensive.