France

Affaire Nestlé : Finalement, vaut-il mieux déclarer une relation amoureuse avec un(e) subordonné(e) au travail ?

L’Amour du risque au boulot ? Si la gestion des relations amoureuses au travail varie selon les pays et les entreprises, notamment pour des raisons culturelles, juridiques, et en fonction des postes occupés, avoir une relation amoureuse avec un(e) subordonné(e) au travail n’est pas de tout repos. Faut-il le déclarer alors que ce n’est pas forcément obligatoire ou bien, pour vivre heureux, faut-il vivre caché ? Certains qui ne se sont pas décidés ces derniers temps l’ont en tout cas payé très cher.

Après la mésaventure d’Andy Byron, PDG d’Astronomer, grillé en juillet dernier par une « Kiss Cam » avec une employée lors d’un concert de Coldplay, et le limogeage ce lundi de Laurent Freixe, directeur général du groupe Suisse Nestlé pour une relation amoureuse non déclarée avec une subordonnée, la question des relations amoureuses au travail est plus que jamais d’actualité, surtout lorsqu’il y a un rapport hiérarchique.

Selon le communiqué de Nestlé, la décision de limoger Laurent Freixe a bien été prise après « une enquête sur une relation amoureuse non divulguée avec une subordonnée directe, qui enfreignait le code de conduite des affaires de Nestlé ». Il doit donc la perte de son poste au non-respect d’une règle interne au groupe.

Des relations sous surveillance

Si en Suisse, sur le papier, la relation amoureuse au bureau semble tolérée tant que la relation ne nuit pas à l’entreprise, les perceptions divergent selon les entreprises. En 2017 par exemple, les directions des RH de plusieurs entreprises semi-publiques genevoises avaient envoyé un mail à leurs cadres, les informant d’une nouvelle règle, rapporte HR Today, magazine suisse spécialisé en ressources humaines. Un mail dans lequel était précisé qu’« il n’est pas possible, dans un même service, d’avoir des collaborateurs ayant un lien de parenté du premier degré́ ». Conséquence, les couples étaient menacés d’être séparés par la mutation de l’un des deux amoureux. D’autres groupes industriels avaient déjà par le passé demandé à leurs « collaborateurs qui avaient une relation amoureuse au sein de l’entreprise, de l’annoncer dans les plus brefs délais » …

En France, les règles internes et la jurisprudence encadrent les effets de la relation amoureuse au travail. Etre en couple en entreprise ne constitue pas une faute. « L’employeur n’a absolument pas le droit d’intervenir, ça ne le regarde pas », expliquait récemment à 20 Minutes Julien Boutiron, avocat spécialiste en droit du travail. Une analyse confirmée par Claire Abate, avocate et fondatrice du Cabinet AC Legal Avocat. « Une liaison entre deux salariés de l’entreprise ne constitue pas en principe une cause réelle et sérieuse de licenciement, et a fortiori pas une faute grave », explique-t-elle citant une circulaire « abrogée mais conservant toute sa valeur ». Une circulaire qui stipule « comme portant atteinte aux droits des personnes et aux libertés individuelles l’interdiction du mariage entre salariés ».

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Bien sûr, reste des exceptions, et c’est là que ça se joue concernant la législation française. L’employeur peut en effet envisager une sanction ou le licenciement d’un salarié « si le comportement de celui-ci crée un trouble objectif caractérisé au sein de l’entreprise », précisent les juristes, ou bien encore lorsque cela touche à un sujet sensible de l’entreprise, par obligation de loyauté ou de transparence. Mais aussi parfois en cas de lien hiérarchique direct ou indirect alors qu’un traitement de faveur est accordé. Toutes ces règles restent valables même si le couple est illégitime.