Affaire Le Scouarnec : Pourquoi l’ex-femme du pédocriminel est-elle haïe ?
Ophélie, une des victimes de Joël Le Scouarnec, s’est exprimée pour la première fois à la sortie de la cour criminelle du Morbihan, déclarant : « C’est un film d’horreur, une pièce de théâtre. Cette femme me dégoûte. » Joël Le Scouarnec a été condamné à vingt ans de prison pour de multiples viols et agressions sexuelles sur ses patients, majoritairement mineurs, faits qu’il avait intégralement reconnus.
« C’est un film d’horreur, une pièce de théâtre. Cette femme me dégoûte. » À la sortie de la cour criminelle du Morbihan, Ophélie n’avait pas encore essuyé ses larmes lorsqu’elle a accepté de s’exprimer pour la première fois, après le triste spectacle présenté par Marie-France Le Scouarnec. La jeune femme aux cheveux ondulés faisait partie de la longue liste des victimes de Joël Le Scouarnec. En février, elle avait éclaté en larmes en découvrant la comédie de l’ex-femme de son bourreau.
Après trois mois de procès, cet ancien chirurgien a été condamné à vingt ans de prison pour de multiples viols et agressions sexuelles sur ses patients, dont la grande majorité étaient mineurs au moment des faits. Des actes qu’il avait entièrement reconnus. A-t-il agi seul ? Oui. Mais qui était au courant ? Sans doute certaines personnes, notamment dans le milieu médical, qui avaient été avisées de sa condamnation pour détention d’images pédopornographiques prononcée en 2005.
Dans cette terrible affaire, un nom revient fréquemment. Celui de Marie-France Le Scouarnec. Il y a quelques jours, l’une des victimes du pédocriminel a déposé une plainte contre l’ex-épouse du chirurgien, avec qui elle a eu trois enfants. Violée en 1991 alors qu’elle était hospitalisée à Loches, Céline Mahuteau accuse l’ex-femme de son bourreau de « complicité par abstention aggravée ».
Elle n’est pas la première à formuler de telles accusations contre Marie-France Le Scouarnec. « Elle a sciemment dissimulé les preuves, le laissant agir pendant trente ans. C’est écrit dans ses carnets. Oui, elle savait. Son silence a permis à Joël Le Scouarnec de violer pendant des années », avaient déclaré quatre victimes du chirurgien après le premier procès qui s’est tenu à Saintes en 2020. Comment une femme au foyer a-t-elle pu ignorer les immondes déviances d’un mari avec qui elle était mariée depuis 1974 ? « Je crois que je ne vois pas le mal », avait-elle affirmé devant la cour criminelle durant cette audition surréaliste. Avant cette audience, elle était apparue en gants de vaisselle noirs, portant un masque sur le nez et une large capuche, tentant d’échapper aux caméras et photographes venus immortaliser son visage.
Affalée sur son fauteuil, le visage caché par un masque, une perruque sur la tête, la voix d’abord éteinte puis soudainement retrouvée, Marie-France Le Scouarnec a livré un récit difficilement crédible, exprimant des lamentations sur son sort devant des victimes sidérées. « Je ne savais rien, je vous le jure madame la présidente », avait-elle déclaré. Confrontée à ses déclarations, elle a expliqué que « les gendarmes l’avaient menacée ». Face à la cour, elle avait refusé de regarder les photos de sa nièce prises par son mari. « Je veux me préserver. Je veux pouvoir dormir la nuit. Je ne veux pas regarder, je ne veux pas avoir un cancer », avait-elle ajouté en soupirant sans cesse.
Pourtant, les preuves existent. Dans un de ses carnets, Joël Le Scouarnec avait écrit « elle sait que je suis pédophile » après la découverte d’une poupée d’enfant. Mais il y a pire. Dans une lettre datée de 2010, écrite par Marie-France Le Scouarnec, elle avait indiqué à des proches : « je vous demande de bien vouloir préserver mon fils, le seul à ne pas connaître le passé de son père ». Lors du procès, le frère de Joël Le Scouarnec l’avait accablée : « Sa femme était au courant des agissements de mon frère. Et Marie-France n’a rien fait », avait déclaré Patrick. La sœur du chirurgien, dont les filles ont été abusées, avait exprimé la même opinion. « Je pense qu’elle est restée pour l’argent. Si elle le dénonçait, elle se retrouvait sans rien, démunie ».
Cette audience avait, comme indiqué, profondément marqué et indigné les victimes. « C’est un horrible personnage », a déclaré une avocate de parties civiles présente à Vannes ce jour-là. « C’était comme une scène de théâtre. Je suis persuadée qu’elle savait. Mais elle n’a rien dit. Elle ne l’a pas accablé. C’est comme s’il y avait un pacte entre eux. C’est une femme vénale, elle ne voulait pas perdre son argent ». Le couple a finalement divorcé en 2018, alors que Joël Le Scouarnec était déjà incarcéré. Celle qui est devenue son ex-femme a profité d’une coquette prestation compensatoire. Dans les rangs des parties civiles, beaucoup expriment leur mécontentement face à ce divorce, accusant le couple d’avoir rendu Joël Le Scouarnec insolvable pour ne pas indemniser ses victimes.
Avant la plainte déposée ce 6 décembre, Marie-France Le Scouarnec faisait déjà partie des personnes identifiées dans l’information judiciaire ouverte par le procureur de Lorient pour complicité. Incapable de manifester la moindre émotion envers les victimes, cette femme âgée de 72 ans a souvent préféré se plaindre de sa situation plutôt que de demander pardon. « Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour mériter ça ? Moi qui suis quelqu’un de bienveillant », avait-elle déclaré en février. Sans aucune remise en question. Sans émotion.

