Affaire des viols de Mazan : le témoignage du policier à Gisèle Pelicot
Laurent Perret a été le premier à découvrir le calvaire que faisait subir Dominique Pélicot à son épouse. Le 2 novembre 2020, au commissariat de Carpentras, il a révélé à Gisèle Pélicot l’affaire en lui montrant une photo où elle est nue, en porte-jarretelles, allongée sur un lit.
Il est à l’origine de l’affaire connue sous le nom de « viols de Mazan ». Sans Laurent Perret, Gisèle Pélicot n’aurait peut-être jamais appris la vérité. Le sous-brigadier a été le premier à mettre au jour le calvaire subi par Dominique Pélicot face à son épouse. Grâce aux vidéos et photos récupérées sur le téléphone de l’homme, surpris en septembre 2020 dans un supermarché de Carpentras en train de filmer sous les robes de plusieurs clientes, une vaste enquête a été lancée, conduisant à la condamnation de 51 personnes.
Pour la première fois, le policier a partagé avec Ici Vaucluse ses premières découvertes ainsi que la manière dont il a informé Gisèle Pélicot. Tout a commencé par l’exploitation d’un téléphone sans carte SIM appartenant à Dominique Pélicot. « Lorsque je l’allume, il n’y a quasiment aucune icône qui apparaît. Il n’y en a que deux : Skype et la galerie », a-t-il expliqué en choisissant l’application de messagerie. « Je découvre une liste de pseudos. J’ouvre la première conversation et je lis. Cela m’interpelle. Je bugue et je me demande si j’ai bien compris. C’était une recette où il expliquait qu’il donnait dix cachets de Temesta 2.5 à son épouse pour l’endormir, et qu’il pouvait venir après. »
Laurent Perret réalise rapidement qu’il fait face à une affaire très grave. « Je me dis, ‘tu n’as pas le droit à l’erreur’. Je voulais surtout éviter tout vice de procédure », a-t-il encore confié à la radio locale. Les premières images du calvaire de Gisèle Pélicot arrivent ensuite. L’enquêteur la découvre en petite tenue et endormie. « Je n’ai pas vu de scènes sexuelles. J’ai vu des scènes de violence », résume-t-il, ayant par la suite la responsabilité de la première audition de la victime. « C’est à moi d’expliquer à cette pauvre dame qu’elle est la victime et de lui annoncer qu’elle a peut-être été violée 300 fois. Ce n’est pas rien. »
Le 2 novembre 2020, au commissariat de Carpentras, Laurent Perret reçoit Gisèle Pélicot et lui révèle les détails de l’affaire. « Je lui ai montré une première photo où elle est nue, en porte-jarretelles, allongée sur un lit. Là, elle bugue, prend un temps d’arrêt. Je lui demande ce qu’elle voit. Elle répond ‘Mais c’est moi. Je suis dans ma chambre. Je dors. C’est quoi ce porte-jarretelles ? Je n’en mets pas.’ »
Quelques instants plus tard, Gisèle Pélicot commence à comprendre. « Mais je ne connais pas ces gens, mais c’est chez moi, c’est mon lit ! Qu’est-ce qu’il me fait ? Je dors. Ils me violent.», s’exclame-t-elle face au sous-brigadier, qui ajoute : « Je l’ai perdue. Dans son regard, elle n’était plus là. Je lui pose la dernière question, souhaitez-vous déposer plainte ? Elle réussit à dire oui, et c’est fini, elle est figée devant moi. »

