Affaire des « écoutes » : Nouveau round judiciaire pour Nicolas Sarkozy

Le 1er mars 2021, quelques heures à peine après avoir été condamné à trois ans de prison, dont un ferme, dans l’affaire dite « Paul Bismuth », l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy n’avait pas tardé à confirmer ce que tout le monde présageait : bien sûr qu’il comptait faire appel. « Ce qui s’est passé hier constitue une profonde injustice que personne ne pourrait admettre. Je ne peux en effet accepter d’avoir été condamné pour ce que je n’ai pas fait », précisait-il dès le lendemain au Figaro. Plus d’un an et demi après avoir été déclaré coupable par le tribunal correctionnel de Paris de « corruption active » et de « trafic d’influence », l’ancien chef de l’État s’apprête donc à faire son grand retour dans l’arène judiciaire.

Au cœur de l’affaire : des écoutes téléphoniques entre Nicolas Sarkozy et son avocat et ami intime Thierry Herzog, laissant supposer qu’ils auraient promis à un haut magistrat, Gilbert Azibert, un poste à Monaco en échange d’information dans le dossier Bettencourt, dans lequel l’ex-président était mis en cause. Tout au long du procès en première instance, les trois hommes – tous condamnés à la même peine – ont fait valoir que non seulement Nicolas Sarkozy n’avait pas eu gain de cause dans l’affaire pour laquelle il cherchait des renseignements, mais qu’en plus Gilbert Azibert n’avait jamais obtenu de poste dans la principauté. La défense a également souligné qu’aucune tentative d’influence n’avait été relevée, que ce soit auprès de la Cour de cassation ou des juridictions monégasques.

« Arrangements occultes »

Reste que selon la loi, il n’est pas nécessaire que la contrepartie ait été obtenue, ni que l’influence soit réelle, pour caractériser les délits de corruption et de trafic d’influence. Le jugement, de plus de 250 pages, fustigeait des « arrangements occultes destinés à satisfaire les intérêts privés ». « Les faits dont s’est rendu coupable Nicolas Sarkozy sont d’une particulière gravité, ayant été commis par un ancien président de la République qui a été le garant de l’indépendance de la justice », ajoutaient les magistrats pour étayer leur décision.

Nicolas Sarkozy est ainsi le premier président de la Ve République a écopé d’une peine de prison ferme. Quelques mois plus tard, dans un autre dossier dit « Bygmalion » concernant le financement illégal de sa campagne de 2017, il a écopé d’un an de prison ferme, peine dont il a également fait appel (le procès est prévu en décembre 2023). Avant lui, seul Jacques Chirac avait été sanctionné par la justice, condamné en 2011 à deux ans de prison avec sursis dans le dossier des emplois fictifs de la ville de Paris. Reste que même en cas de nouvelle condamnation, les risques qu’il effectue une peine prison ferme sont relativement faibles car dans un cas comme dans l’autre, les peines sont aménageables.

Surtout, dans le dossier des écoutes, l’ancien président de la République a d’ores et déjà fait savoir que s’il était condamné, il irait, si nécessaire, jusqu’à la Cour européenne des droits de l’Homme. « Ce serait pour moi une souffrance de faire condamner mon pays, mais j’y suis prêt car ce serait le prix de la démocratie », avait-il déclaré après sa condamnation, toujours au Figaro. L’ancien homme fort de la droite met en cause l’impartialité des juges, avec lesquelles les relations ont été houleuses tout au long de son mandat.