France

Affaire Delphine Jubillar : Après 21 mois de détention, le mari a plaidé sa remise en liberté et « clamé son innocence »

Pour la septième fois, ce mardi 14 mars, les avocats de Cédric Jubillar ont plaidé pour la remise en liberté de leur client, en détention provisoire depuis le 18 juin 2021 après sa mise en examen pour le meurtre de sa femme, Delphine. Cette mère de famille a disparu du domicile conjugal dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, à Cagnac-les-Mines, dans le Tarn.

La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Toulouse a examiné à nouveau les arguments de la défense lors d’une audience à huis clos, en présence du plaquiste de 35 ans. Sans réel rebondissement ces dernières semaines dans un dossier où l’accusation s’appuie sur « un faisceau d’indices graves et concordants », mais sans corps, ni aveux ou scène de crime.

« L’accusation répète à l’envi, quelle que soit l’évolution du dossier, le fait que ça ne peut être que Cédric Jubillar et qu’à partir de ce moment-là il ne peut que rester en prison. Nous avons manifestement affaire à un entêtement de l’accusation qui viole la présomption d’innocence », a déploré Me Alexandra Martin, l’un de ses avocats.

« Il a toute sa santé mentale et cela devient un exploit »

Pour lui, si le parquet devait être suivi une fois de plus, « cela veut dire que cet homme, dans un an, un an et demi – c’est la perspective que l’on peut avoir si un procès est organisé – sera toujours en détention ». Car, après une reconstitution à la mi-décembre et de nombreux actes d’enquête, la clôture de l’instruction pourrait intervenir dans les mois à venir. Pour un procès devant les Assises l’an prochain.

En attendant, Cédric Jubillar se trouve toujours à l’isolement. « Je me demande comment il n’est pas devenu fou, quand vous ne voyez personne, vous ne parlez qu’aux murs. Cet homme a toute sa santé mentale et je trouve que cela devient un exploit. Il a la force de celui qui est innocent », a insisté Me Martin.

Depuis vingt et un mois, chaque demande devant le juge des libertés et de la détention est rejetée. Un scénario qui se répète devant la chambre de l’instruction qui doit rendre cette fois-ci sa décision le 28 mars. Pour justifier leur décision de prolonger la détention provisoire, les magistrats s’appuient sur certains critères de l’article 144 du Code pénal, notamment celui sur la conservation des indices et preuves, ou encore la « pression sur les témoins ou les victimes ainsi que sur leur famille ».

Un logement prêt à l’accueillir

A l’audience, les avocats du Tarnais ont à nouveau abordé la question du logement qui pourrait l’accueillir si jamais il venait à être placé sous bracelet électronique. A plusieurs reprises, cet appartement mis à disposition par une connaissance de Cédric Jubillar a été jugé insalubre par les services pénitentiaires d’insertion et de probation. Ce qui a été dénoncé à plusieurs reprises par la défense, photo à l’appui.

Si, dans 15 jours, les juges ne donnaient pas droit à la demande formulée par le mari de Delphine Jubillar, d’autres suivront. « Ce n’est pas la demande de la dernière chance. Des demandes de remise en liberté il y en aura d’autres si besoin. Cédric Jubillar a de nouveau clamé son innocence », a témoigné Jean-Baptiste Alary, un des avocats de celui qui reste le principal suspect dans la mort de sa femme.

Car pour ce dernier il y a un risque que la détention de leur client soit assimilée à sa culpabilité et que « sa libération signifierait son innocence », d’où son maintien en détention. « Alors que nous ne sommes pas du tout dans ce débat-là, nous sommes sur un débat technique et il s’agit simplement de savoir ce que l’on veut faire de la détention provisoire en France », conclut-il.