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Affaire Bruno Martini : De la stupeur à la démission du président de la Ligue, une journée pénible pour le hand français

En se levant ce mercredi matin, les dirigeants de la Ligue national de handball ne s’attendaient pas à vivre une journée aussi éprouvante. Tôt dans la matinée, ils ont appris les ennuis judiciaires de leur président, Bruno Martini, placé en garde à vue puis déféré au tribunal de Paris pour « corruption de mineur » et « détention et acquisition d’images pédopornographiques », comme l’a révélé France Info. Quelques heures plus tard, ce dernier reconnaîtra les faits et acceptera la peine douze mois de prison avec sursis, accompagnée d’une amende de 2.500 euros et cinq ans d’interdiction d’exercer une activité impliquant un contact avec des mineurs proposée par le parquet de Paris.

Après la publication de l’article, dans la matinée, c’est silence radio, avec « interdiction de commenter », dans les clubs de première et deuxième divisions. Le temps de s’organiser en urgence. La gestion de crise prend d’abord la forme d’une réunion de l’Union des clubs professionnels de handball (UCPH) à midi, avant que le comité directeur de la LNH, composé de 15 membres, ne se réunisse exceptionnellement à 13 heures. Cette réunion s’est tenue, selon nos informations, sans Bruno Martini ni son avocate.

Démission inéluctable

A la sortie de ce comité directeur, une entreprise saluée par la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera, les dirigeants de la LNH sont unanimes : Ils « attendent la probable et souhaitable démission de Bruno Martini, sachant qu’une éventuelle condamnation conduirait de droit à une impossibilité d’exercice de la fonction », écrivent-ils dans un communiqué. Remontés, ils se disent « prêts collectivement à rendre leur mandat pour entraîner l’organisation de nouvelles élections » si jamais si l’ancien gardien de l’équipe de France décidait de s’accrocher à son poste.

Une démarche qui faisait suite à un autre communiqué, venant de la Fédération française de handball, qui enjoignait le champion du monde en 1995 et 2001, à « démissionner de l’ensemble de ses mandats au sein de la famille du handball et notamment de son rôle de représentant de la LNH au sein du conseil d’administration de la FFH ».

« Il n’y a pas le choix »

« J’ai appris la nouvelle en regardant la télévision et je suis consterné, explique à 20 Minutes Jean-Pierre Vandaele, le président de Dunkerque Handball, qui n’a pas pu se rendre disponible pour la réunion de l’UCPH. A lui de démissionner immédiatement de son poste, ou il « sera démissionné ». Il n’y a pas le choix. » En milieu d’après-midi, Bruno Martini s’exécute avec effet immédiat.

Parmi les dirigeants de clubs français, certains se félicitent que cela n’ait pas traîné et louent la « réactivité » du monde du handball. « Il s’agit d’une affaire privée qui ne reflète pas le monde du handball en général, et le club que je dirige en particulier », commente un président de première division. « Ce qui s’est passé n’engage pas la Ligue nationale de handball, ajoute Jean-Pierre Vandaele. Il faut faire la part des choses. Le handball, ce n’est pas un homme et ses déviances. Notre sport ne doit pas être jugé au même titre. »

Des répercussions sur le handball français ?

Contactée pour savoir si cette affaire pouvait avoir des répercussions sur son engagement dans le handball français, la branche française de Liqui Moly, qui a donné son nom au championnat, nous a indiqué qu’elle avait « interdiction de parler ». Dans un mail, le siège de la marque de lubrifiant auto, basé en Allemagne, écrit qu’elle « était au courant des accusations à l’encontre du président de la LNH, mais qu’elle ne ferait aucun commentaire ». Le diffuseur du championnat de France, beIN Sports, n’a pas donné suite à nos sollicitations.

Quid, maintenant, des travaux lancés par Bruno Martini à la tête de la LNH ? Selon plusieurs dirigeants, cette démission ne devrait pas avoir de conséquences sur l’organisation de l’instance. « Ce bureau directeur est relativement fort, il peut fonctionner et travailler sans président, assure le président dunkerquois. Il n’y a pas urgence à nommer un président dans les jours qui arrivent. »

« Tout sera fait par la Ligue dans les quarante-huit heures pour prendre les dispositions nécessaires », affirme un autre dirigeant. Selon le communiqué de la LNH, le comité directeur de la Ligue se réunira ce jeudi pour organiser l’intérim, avant l’assemblée générale élective, d’ores et déjà programmée le 7 mars.