Affaire Bétharram : « Manipulation », « malhonnêteté »… Retour sur l’audition tendue de Bayrou

La tension a été vive mercredi à l’Assemblée nationale. C’est en effet dans une ambiance crispée que s’est tenue l’audition de François Bayrou sur les violences survenues à Notre-Dame-de-Bétharram.
Et le ton a été donné dès le début de l’audition. Quand il se présente vers 17 heures devant la commission d’enquête parlementaire, François Bayrou pose sur la table le livre-enquête La meute sur les méthodes décriées de fonctionnement de LFI. Un message envoyé au corapporteur insoumis Paul Vannier.
Bayrou résolument offensif
Durant l’audition, le chef du gouvernement s’appuie régulièrement sur ses collaborateurs, qui précisent une date ou soufflent le nom d’un député. Résolument offensif, il s’emporte parfois, dans une ambiance allant crescendo.
Au fil des heures d’audition (5h30 au total), son ton se fait encore plus incisif. Parfois même dans ses réponses à la corapporteure macroniste Violette Spillebout, lorsqu’elle s’interroge sur le degré de proximité entre un recteur et l’établissement Bétharram à l’époque où François Bayrou était ministre de l’Education nationale.
Mais les charges les plus lourdes sont réservées à l’Insoumis : « manipulation », « malhonnêteté »… lui lance François Bayrou. Paul Vannier, lui, prend des notes, s’attachant ostensiblement à conserver un ton neutre. Quelques gestes d’agacement paraissent lui échapper, mais il s’attelle surtout à relancer le Premier ministre, l’accusant de « varier dans (ses) déclarations » ou d’éluder.
A plusieurs reprises les parlementaires, essentiellement à gauche, grondent. Comme lorsque François Bayrou estime qu’une témoin clé, l’ex-professeure à Bétharram Françoise Gullung, a « affabulé » lors d’une précédente audition. Ou qu’un compte rendu ne reflète pas fidèlement cette même audition, et que la commission d’enquête n’a pas été « totalement objective ».
Le Premier ministre accusé de se poser « en victime »
D’autres lui reprochent son attitude pour la présidente de la commission, la socialiste Fatiha Keloua-Hachi. « Appelez-la « Madame la présidente » ! », intime l’insoumise Sarah Legrain, qui accuse le Premier ministre de s’être « posé en victime ». « Je l’ai trouvé confus, imprécis, parfois même grossier et un peu agressif à notre égard », dira plus tard Fatiha Keloua-Hachi.
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Et à 22 heures passées, les bancs de la commission d’enquête se sont sensiblement clairsemés. Les soupirs se font d’autant plus audibles dans la salle, mais François Bayrou et Paul Vannier n’en démordent pas. « Vous êtes dans une stratégie qui consiste à éluder les questions, à les contourner. Vous êtes dans une entreprise de déresponsabilisation », critique l’élu LFI, qui avait accusé plus tôt son adversaire du soir de « sombrer » dans « l’outrance ». « Je comprends que vous vous sentiez mal parce que c’est toute votre stratégie qui, ce soir […] s’est effondrée », rétorque le Premier ministre. Et avant de monter dans sa voiture, le locataire de Matignon l’assure : il a vécu un « moment libérateur ».