France

Affaire Bétharram : François Bayrou rencontre des victimes à huis clos

Une dizaine de manifestants scandent « Bayrou démission » devant la mairie de Pau, un peu avant-midi. Le Premier ministre se trouve à l’intérieur, pour échanger avec huit membres du collectif des victimes de Bétharram.

Cette rencontre intervient alors que la gauche et des victimes l’accusent d’avoir menti sur sa connaissance des violences et agressions sexuelles commises au sein de ce collège et lycée des Pyrénées-Atlantiques), qu’ont fréquenté plusieurs de ses enfants.

Les victimes dénoncent un « système de prédateurs », avec des masturbations, des fellations contraintes ou subies, mais aussi des châtiments corporels.

« Tout le monde savait »

« On a beaucoup de choses à dire [à François Bayrou] », a déclaré Alain Esquerre, le porte-parole du collectif, à la presse avant cette rencontre à huis clos. « On fait le procès de François Bayrou. Ce sera le procès de toute la population locale. Tout le monde savait qu’il y avait des violences à Bétharram. C’est d’ailleurs ce qui faisait l’ADN de cet établissement », a-t-il ajouté.

François Bayrou avait déjà parlé au téléphone mercredi avec lui. Alain Esquerre lui reprochait de « n’avoir pas eu un mot » pour les personnes concernées depuis le début de l’affaire visant cette institution béarnaise, fondée en 1837 près de Lourdes. Il lui avait aussi demandé d’« allouer davantage de moyens au parquet de Pau pour cette affaire » et de faire « des violences sexuelles une priorité nationale ».

Deux premières plaintes pour violences avaient été déposées en 1996, dont l’une concernait un camarade de classe d’un fils de François Bayrou, selon le père de la victime, et une autre pour viol en 1998, qui n’a pas pu aboutir en raison du décès du prêtre mis en cause, retrouvé deux ans plus tard dans le Tibre à Rome.

Une enquête sur la période allant des années 1970 aux années 1990

Le parquet a ouvert l’an dernier une nouvelle enquête portant désormais sur plus d’une centaine de plaintes visant des violences physiques, agressions sexuelles et viols qui auraient été commis dans le collège-lycée privé sous contrat Notre-Dame-de-Bétharram. Elle se concentre sur une période allant des années 1970 aux années 1990.

François Bayrou, ministre de l’Éducation entre 1993 et 1997, puis député des Pyrénées-Atlantiques et président du conseil général les années suivantes, avait déclaré mardi à l’Assemblée n’avoir « jamais à cette époque été averti » de tels faits, position qu’il a répétée le lendemain face à de nouvelles questions de deux députés insoumis et écologiste.

L’un des deux, le député LFI Paul Vannier, a réclamé la création d’une commission d’enquête parlementaire sur le contrôle des établissements scolaires privés, demande qui sera examinée mercredi en commission des Affaires culturelles et de l’éducation à l’Assemblée, où une motion de censure déposée par le PS doit être étudiée dans la semaine.

Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a indiqué samedi qu’il y aurait « plus de moyens pour les parquets en général, pour le parquet de Pau en particulier », « d’ailleurs à la demande du Premier ministre, toujours très attentif à ce qui se passe dans sa commune [François Bayrou est toujours maire de Pau] ».

Une enquête en 1996

Le ministère de l’Education nationale, qui n’a « à ce stade » pas retrouvé de traces de contrôle de cet établissement dans le passé, a pour sa part ordonné vendredi au rectorat de Bordeaux de mener une inspection du collège-lycée.

Notre dossier sur l’affaire Bétharram

L’Inspection académique avait toutefois diligenté une enquête en 1996 après les plaintes pour violences dans cet établissement. Après une journée sur place, l’inspecteur avait conclu dans son rapport, consulté par l’AFP, que Notre-Dame-de-Bétharram « n’est pas un établissement où les élèves sont brutalisés ».