Affaire Bétharram : « D’autres savaient… » Sous pression, François Bayrou tente la riposte en ciblant le gouvernement Jospin
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A l’Assemblée nationale,
François Bayrou pensait probablement avoir fait le plus dur en faisant passer son budget 2025. Mais le Premier ministre se retrouve empêtré dans l’affaire de violences et d’agressions sexuelles au sein de l’établissement catholique béarnais Notre-Dame de Bétharram (Pyrénées-Atlantiques). Et ce mardi, à l’Assemblée nationale, la gauche l’a de nouveau accusé d’avoir menti sur la connaissance des faits commis entre les années 1970 et 1990 dans ce collège-lycée, lequel a été fréquenté par plusieurs de ses enfants. De nouvelles mises en cause qui ont entraîné une riposte plutôt inattendue de la part du maire de Pau.
« François Bayrou nous offre un spectacle affligeant »
« Depuis mardi dernier, François Bayrou a multiplié les mensonges. Il a menti devant la représentation nationale à deux reprises, et devant les victimes de Bétharram samedi à Pau », dénonce dans la matinée Paul Vannier en conférence de presse. Le député insoumis du Val-d’Oise reproche notamment au Premier ministre d’avoir indiqué en début de semaine dernière, dans l’hémicycle, qu’il « n’était pas au courant » des accusations de violences au sein de l’établissement, avant de rectifier le tir. Samedi, le chef du gouvernement a ainsi reconnu avoir « fait tout » ce qu’il « devait faire » quand il était ministre de l’Education nationale*.
« François Bayrou nous offre un spectacle affligeant […] Peut-on gouverner ce pays en étant un menteur, ou en ayant passé sous silence des atrocités aussi graves dans un établissement scolaire privé ? », lance Benjamin Lucas, député du groupe écologiste. Ces derniers jours, plusieurs médias ont publié des témoignages laissant entendre que François Bayrou était bien au courant des affaires de violence dénoncée par plus d’une centaine de plaignants, et sur lesquelles le parquet de Pau enquête depuis un an.
François Bayrou attaque le gouvernement Jospin
Lors des questions au gouvernement ce mardi après-midi, la gauche met de nouveau la pression sur le Premier ministre. « Un menteur ne peut pas gouverner la France, démissionnez ! », lance l’insoumis Paul Vannier. « Vous vous êtes livré à une pathétique opération de sauve-qui-peut et à des promesses de Gascons […] Le juge d’instruction Christian Mirande affirme vous avoir rencontré longuement […] Ce juge a-t-il menti ? », interroge la députée PS des Pyrénées-Atlantiques Colette Capdevielle. Le juge, qui enquêtait sur un viol dans l’établissement catholique en 1998, a indiqué dans les médias avoir rencontré à l’époque François Bayrou.
Notre dossier sur l’affaire Bétharamm
« C’est mon voisin depuis 50 ans », balaye alors le maire de Pau. « Est-ce que nous avons pu parler avec le juge Christian Mirande de cette affaire ? Sans doute oui », mais « jamais du dossier » en question, esquive-t-il. Le Premier ministre riposte ensuite en accusant… le gouvernement de Lionel Jospin, au pouvoir à la fin des années 1990. « Si je ne savais pas, d’autres savaient. Parce que j’affirme devant vous, et vous le vérifierez, que le procureur général a tenu informé la Chancellerie sur ces affaires à quatre reprises dans l’année 1998 », affirme-t-il, pointant du doigt la ministre de la Justice de l’époque, Elisabeth Guigou, mais aussi le ministre de l’Education nationale, Claude Allègre, et la ministre de l’Enseignement scolaire, Ségolène Royal. Cette dernière a dénoncé ensuite sur X « des attaques indignes d’un Premier ministre paniqué » et « examiné » la possibilité « d’un dépôt de plainte pour diffamation et dénonciation calomnieuse ».
Un peu plus tôt, dans les couloirs de l’Assemblée, un député MoDem reconnaissait « des maladresses » dans la défense du Premier ministre. « Il y a une crainte légitime que cette affaire nous empoisonne, car certains ont la volonté d’en faire un feuilleton », soupire-t-il. Et en pointant la responsabilité du gouvernement Jospin, François Bayrou a lui-même écrit un nouvel épisode.