France

Affaire Benalla : Violences, port d’arme illégal… L’ex-chargé de mission de l’Elysée jugé en appel

Alexandre Benalla face à la justice, deuxième acte. L’ancien chargé de mission de l’Elysée comparaît devant la cour d’appel de Paris à partir de ce vendredi pour des violences commises en marge de la manifestation du 1er mai 2018. En première instance, il avait écopé d’une peine de trois ans de prison – dont un ferme sous bracelet électronique – pour avoir molesté trois hommes et deux femmes. Les images, qui avaient déclenché un véritable scandale, le montraient coiffé d’un casque de police alors qu’il était censé n’être qu’un « observateur » du dispositif de maintien de l’ordre.

Lors du procès en première instance, Alexandre Benalla, aujourd’hui âgé de 31 ans, n’avait eu de cesse de minimiser ses agissements, évoquant des « gestes techniques mal maîtrisés » et contestant toute « violence volontaire ». Il estimait avoir agi en « citoyen » pour « maîtriser quelqu’un qui [avait] commis des violences sur des policiers », comme l’autorise, selon lui, la loi dans certaines circonstances. « Je ne regrette absolument pas ce que j’ai fait », avait-il affirmé à l’audience.

Vers une nouvelle stratégie de défense ?

Un positionnement qui avait passablement énervé la présidente, Isabelle Prévost-Desprez. A la lecture de son jugement, la magistrate avait dénoncé le « sentiment d’impunité et de toute puissance » du prévenu. L’homme fort du dispositif de sécurité d’Emmanuel Macron, aujourd’hui reconverti dans le privé, avait attendu le dernier jour de son procès pour reconnaître « une erreur de jugement » et concéder qu’il aurait dû « rester à sa place » le jour des faits. Il a, en revanche, toujours soutenu n’avoir « procédé à aucun travail de police » ce jour-là bien qu’il portât un casque leur appartenant. A la barre, les plaignants étaient pourtant persuadés d’avoir eu affaire à un vrai policier.

Changera-t-il de stratégie de défense ? Il faudra peut-être attendre un peu pour le savoir. L’une de ses avocates, Me Jacqueline Laffont, a fait savoir à l’AFP que l’audience pourrait être reportée, son client envisageant de déposer une demande de renvoi pour « motif personnel ». Contactée par 20 Minutes, la conseil n’a pas donné suite à nos sollicitations. Alexandre Benalla devra également répondre devant la cour d’appel de « faux, usage de faux en écriture et usage public sans droit d’un insigne » pour avoir continué à voyager avec des passeports diplomatiques après son licenciement de l’Elysée. Il détenait aussi un passeport de service obtenu frauduleusement selon l’accusation.

Une « saynète idiote » avec une « fausse arme »

Dernier point et non des moindres : l’ancien proche collaborateur du président de la République se voit reprocher d’avoir porté illégalement une arme de poing en 2017. Au cœur du scandale, une photo de lui pointant l’arme à feu sur la tête d’une femme. Il s’agit « d’une saynète idiote » avec « une fausse arme », avait-il assuré en première instance. Le cliché, révélé par Mediapart, a été pris en avril 2017, à Poitiers. Or, avant le 13 octobre 2017, Alexandre n’était pas autorisé à porter une arme en dehors de son domicile ou des locaux d’En Marche.

Son acolyte Vincent Crase, à l’époque chargé de la sécurité d’En Marche, figure lui aussi sur le banc des prévenus pour « violences en réunion », « port prohibé » d’une matraque télescopique et « immixtion dans une fonction publique » pour avoir participé de façon illégale à l’interpellation de trois personnes. Il lui est aussi reproché d’avoir obligé l’une de ces personnes à effacer une vidéo prise avec son téléphone portable. Ami de longue date d’Alexandre Benalla, l’ex-gendarme réserviste de 49 ans avait été condamné en première instance à deux ans de prison avec sursis et à une interdiction de port d’arme.