Affaire Abbé Pierre : « C’était dégueulasse », Pascale, « tripotée » par le prélat, témoigne 31 ans après
Des viols, des agressions sexuelles. Dans une enquête diffusée sur BFMTV, plusieurs femmes présentent l’Abbé Pierre comme un prédateur sexuel. De nouveaux témoignages six mois après la parution du rapport dans lequel 24 femmes, dont trois mineures au moment des faits, avaient porté de graves accusations sur le fondateur d’Emmaüs.
« Il m’embrassait, mettait sa langue dans ma bouche. C’était dégueulasse », témoigne Pascale, qui a gardé le silence pendant trente et un ans. Alors en situation de précarité, elle avait été recueillie en 1993 par l’homme d’Église dans une maison de repos d’anciens compagnons d’Emmaüs. « J’étais coincée. J’aurais pu porter plainte, mais je ne l’ai pas fait. J’étais tellement persuadée que personne ne me croirait… »
« S’en prendre à cette icône était inenvisageable »
« S’en prendre à l’abbé, c’était inenvisageable. C’était une icône et Emmaüs une œuvre sociale », évoque le réalisateur Patrick Charles-Messance. En 2007, « lorsque j’ai proposé ce sujet sur la face cachée de l’abbé Pierre, aucune chaîne n’a répondu de façon positive. » Dans son documentaire l’ancienne mannequin et auteure Sanda Slag avait témoigné face caméra. « Quand ça lui prenait d’un seul coup, il me sautait dessus avec violence. Il s’accrochait à mes seins, les tordait, essayait de m’embrasser de force. Il n’y avait pas de tendresse, c’était de la violence. C’était bestial », évoque-t-elle.
« L’abbé Pierre a cette image d’humilité. Or, ses pratiques sexuelles sont des pratiques de domination et de pouvoir », résume Carole Damiani, directrice de Paris aide aux victimes. « Il a profité de la faiblesse de ma mère au moment où elle avait besoin de soutien moral après sa demande de divorce pour violences conjugales », évoque Eva, qui a retrouvé les carnets de sa mère décédée dans lesquels elle a consigné les accusations à l’encontre de celui qui fut longtemps le personnage préféré des Français.
Notre dossier sur l’Abbé Pierre
En 1989 et 1990, sa mère qui l’avait sollicité pour lui venir en aide, aurait été régulièrement reçue dans un appartement par le prélat. « Il se masturbait devant moi, me demandait de lui faire des fellations, me fouettait et me proposait d’avoir des relations sexuelles avec une autre femme », lit la jeune femme dans les carnets de sa mère. « Il racontait sans aucune honte les histoires des nombreuses femmes abusées, en particulier des femmes sans papier ».
L’Abbé Pierre est décédé à 94 ans, le 22 janvier 2007. Depuis le rapport de la Fondation Emmaüs paru en juillet 2024, de nombreuses plaintes ont été déposées par des femmes ou leurs proches, par des femmes expliquant avoir été victimes de l’homme d’Église.