France

Abattre des troupeaux entiers pour la dermatose : unique solution ?

La mobilisation des syndicats d’agriculteurs, emmenés par la Coordination rurale, n’aura pas permis d’éviter l’euthanasie du troupeau entier d’un éleveur de l’Ariège, ce vendredi. Le ministère de l’Agriculture rappelle qu’« il n’existe pas de médicament pour éliminer ce virus ».


La mobilisation des syndicats d’agriculteurs, dirigée par la Coordination rurale, n’a pas permis d’éviter l’euthanasie complète du troupeau d’un éleveur de l’Ariège, ce vendredi. En effet, sur les 200 vaches destinées à être abattues, un seul cas de dermatose nodulaire contagieuse bovine avait été confirmé. D’un côté, l’État souhaite appliquer la réglementation européenne exigeant « un dépeuplement total » du foyer, tandis que les agriculteurs demandent « d’arrêter le massacre » en proposant « une alternative scientifique ».

Selon les autorités sanitaires et vétérinaires, la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est une « maladie virale strictement animale qui n’affecte que les bovins, buffles et zébus ». Elle n’est en aucun cas transmissible à l’homme ou aux autres espèces animales. Toutefois, pour les bovins affectés, la « mortalité peut atteindre 10 % du troupeau » touché, et les survivants peuvent subir « de nombreuses séquelles ».

Cette maladie est « classée en droit européen comme maladie de catégorie A », au même titre que d’autres maladies généralement absentes de l’Union européenne. C’est pour cette raison que les mesures mises en œuvre sont drastiques et clairement énoncées dans le règlement n°2020/687. L’article 12 précise que « tous les animaux des espèces répertoriées détenus dans l’établissement touché sont mis à mort dès que possible sur place, dans l’établissement ».

En amont, il est envisageable de traiter le vecteur principal de la maladie, à savoir les insectes dits « hématophages », comme les moustiques ou certaines mouches, par le biais de la désinsectisation. De plus, un vaccin existe désormais, mais celui-ci n’est efficace que « 21 jours après l’injection ». Si un seul animal d’un troupeau contracte la maladie durant ce laps de temps, c’est l’intégralité du cheptel qui doit être abattu conformément à la réglementation européenne.

Une fois qu’un élevage est touché, il semblerait qu’il n’existe pas d’alternative à l’abattage, même pour « des animaux sains d’apparence de l’unité épidémiologique contaminée », souligne l’Ordre national des vétérinaires. Cette mesure est jugée « nécessaire » en complément de la stratégie vaccinale et du respect des règles de biosécurité. Le ministère de l’Agriculture rappelle qu’« il n’existe pas de médicament pour éliminer ce virus ». À ceux qui émettent des avis contraires, y compris des vétérinaires, l’Ordre national des vétérinaires précise qu’ils « engagent leur responsabilité déontologique personnelle et pénale » pour des propos « inadmissibles ».

Cependant, plusieurs syndicats agricoles et la chambre de l’agriculture de l’Ariège ont suggéré une « alternative scientifique » au dépeuplement systématique. Dans un courrier adressé mercredi à la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, les signataires détaillent un « protocole expérimental » en sept points. Parmi les propositions, il est suggéré de n’abattre que les animaux testés « positifs issus d’une suspicion ». Les autres animaux du troupeau seraient placés sous surveillance « pendant 4 à 6 semaines » et soumettrons à des tests hebdomadaires. Il est également prévu d’établir une « protection renforcée » de 5 km autour du foyer, où les animaux présents seront également surveillés et testés deux fois par semaine durant quatre semaines. Le protocole inclut aussi une « vaccination massive, rapide et efficace au-delà des zones réglementées ».