France

A quoi ressemble la retraite des chiens policiers ?

Leur présence dans les rangs de la police remonte à 1845. Cette année-là, la préfecture de police de Paris avait pour la première fois fait appel à des chiens pour tenter de sauver des personnes de la noyade. Un siècle plus tard, les premières brigades canines voyaient le jour, se déployant rapidement sur tout le territoire. Depuis, les chiens se sont rendus indispensables au sein de la police au même titre que chez les gendarmes, les pompiers ou les douaniers.

Au sein des forces de l’ordre, ils assurent diverses missions. Les chiens de défense-intervention sont ainsi appelés pour sécuriser des opérations de contrôle ou séparer ou interpeller des individus violents. « Leur présence est souvent dissuasive mais ils peuvent aussi attaquer », assure le Major Peyretout, chef de l’unité cynophile de Rennes. Avec leur flair redoutable, les chiens renifleurs sont quant à eux employés pour traquer de la drogue ou des produits explosifs.

La retraite fixée autour de 7 ou 8 ans

Dans la grande majorité, ces chiens sont des bergers malinois, une race qui a progressivement remplacé les bergers allemands. « C’est un chien vif et endurant, ce qui correspond vraiment à nos missions », indique le Major Wybaillie, adjoint chef de la brigade cynophile de Rennes. Les futurs agents sont recrutés lorsqu’ils ont entre 1 et 3 ans, soit achetés auprès de professionnels ou plus souvent récupérés auprès d’associations ou de refuges. « On a la chance d’avoir encore des dresseurs au sein de la police donc on peut récupérer des chiens qui n’ont aucune base technique », précise le Major Wybaillie.

Après trois à six mois de formation, les voilà aptes à aller sur le terrain et à faire régner l’ordre. Jusqu’à la retraite, fixée en moyenne à l’âge de sept ans pour les chiens de défense-intervention, plus touchés par des blessures, et à l’âge de huit ans pour les chiens de recherche. « Certains pourraient encore continuer après mais on préfère les réformer quand ils commencent à fatiguer », souligne l’adjoint chef.

Des chiens souvent adoptés par leur maître

Et après, que se passe-t-il pour ses chiens une fois leur brillante carrière terminée ? Dans de nombreux cas, les chiens sont adoptés par leur maître. Mais pour diverses raisons (manque de place, trop de chiens à la maison…), cela n’est pas toujours possible et les policiers doivent alors leur trouver une nouvelle famille. A la brigade cynophile de Rennes, trois chiens sont ainsi proposés à l’adoption. « On fait tout pour les replacer dans des endroits où ils seront bien car on n’a pas envie qu’ils finissent comme chiens de garde », souligne le Major Peyretout.

Prêts à profiter d’une retraite bien méritée, les trois chiens présentent un profil bien différent. Jeko, 8 ans, le plus âgé de la bande, présente celui du chien parfait. « C’est le meilleur fonctionnaire chez nous, sourit le Major Peyretout. Il est extrêmement sociable, il n’est jamais malade ou blessé et il est très performant. » Durant sa carrière, le malinois a ainsi retrouvé 530 kg de résine de cannabis, 20 kg de cocaïne et 17 kg d’héroïne, soit une valeur marchande estimée à 700.000 euros. « Son seul défaut est qu’il n’aime pas les chats », glisse son maître.

Une maison de retraite pour chiens policiers à Marseille

Chien de défense-intervention, Lucky, 7 ans, a quant à lui un très gros caractère. « Il lui faut quelqu’un qui connaisse les chiens car il a du mal à supporter d’autres personnes autour de lui », prévient l’adjoint chef de la brigade. Plus jeune des trois, Isis, 5 ans, se voit quant à lui contraint à une retraite forcée en raison d’un problème alimentaire qui l’a empêché de faire ses preuves dans les rangs de la police.

Dans certains cas, des chiens policiers réformés se révèlent aussi inaptes à l’adoption, incapables de par leur caractère de s’adapter à un nouveau foyer. Pour leur offrir une fin de vie digne, une maison de retraite, la première du genre en France, a vu le jour en septembre 2021 à Cabriès près de Marseille. Un projet qui pourrait à l’avenir faire des petits dans les autres brigades canines de France.