France

A la SNSM, le nom des donateurs bientôt inscrit sur un bateau de secours

Floquer son nom ou celui d’un proche sur la coque d’un bateau de secours. C’est l’initiative originale imaginée par la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) dans le cadre d’une nouvelle collecte de fonds privés. Baptisée « 5.000 noms pour sauver », l’opération propose aux particuliers de faire un don mensuel à l’association. En contrepartie, le nom des donateurs sera inscrit sur une future vedette de sauvetage côtier actuellement en construction dans le Finistère. Cet appel aux dons intervient dans un contexte d’importantes coupures budgétaires qui malmène l’activité des sauveteurs en mer. Entretien avec Thomas Ali-Chérif, responsable de la collecte de fonds privés à la SNSM.

Thomas Ali-Chérif, responsable de la collecte des fonds privés à la SNSM.
Thomas Ali-Chérif, responsable de la collecte des fonds privés à la SNSM. - SNSM

La SNSM a lancé récemment une campagne de don inhabituelle. Pourquoi ?

On organise des collectes de fonds privés généralement au mois de juin et en fin d’année, car c’est à cette période que les gens sont plus généreux. Cette nouvelle opération permet aux donateurs d’inscrire leur nom dans le matricule d’un futur bateau de la SNSM. Il s’agit d’une vedette de sauvetage côtier de type 1 qui est actuellement en construction à Pont-l’Abbé dans le Finistère. On s’est inspiré d’une initiative développée depuis plusieurs années par la Royal National Lifeboat Institution (RNLI), l’équivalent de la SNSM au Royaume-Uni.

Concrètement, on propose d’inscrire son nom, celui d’un être aimé ou décédé à qui on veut rendre hommage. En contrepartie, les donateurs s’engagent à faire un don mensuel à notre association, à partir de 10 euros. C’est un bon démarrage puisque 1.000 personnes ont déjà transmis leur nom pour la campagne. C’est hyper fidélisant pour les donateurs, c’est une forme de contrepartie et de remerciement que l’on retrouve nulle part ailleurs.

On ne s’est pas fixé d’objectifs financiers, mais le but c’est d’atteindre au moins 5.000 donateurs d’ici au 31 décembre 2025. Après cette date, nous transmettrons la liste des noms à notre imprimeur qui se chargera de les floquer sur le bateau. Sa mise à l’eau est prévue au cours du premier trimestre 2026. Mais on ne sait pas encore où il sera affecté.

Quels sont les enjeux de la SNSM derrière cette opération de flocage ?

A la SNSM, on compte 53.000 donateurs réguliers mensuels. Mais les besoins de financement se développent : les bateaux coûtent plus cher à entretenir qu’il y a dix ans, les aides de l’Etat ont diminué. En 2025, on a perdu 25 % de subventions publiques. C’est encore difficile de mesurer l’impact de ces coupes budgétaires, mais on a été contraint de différer certains investissements dans le renouvellement de notre flotte et la modernisation d’infrastructures, par exemple.

C’est pourquoi on cherche à attirer des donateurs réguliers car ils sont essentiels à notre fonctionnement. Ces dons permettent de faciliter la gestion de notre budget, d’anticiper nos ressources et de pérenniser notre activité. Notre budget est assuré à plus de 60 % grâce aux donateurs particuliers et dans une moindre mesure grâce à des entreprises mécènes. C’est pourquoi, nous comptons sur la générosité du public pour venir compenser cette perte, mais on est conscient que cela ne sera pas facile.

Dans une feuille de route signée avec l’État en 2021, la SNSM s’est engagée à poursuivre ses efforts de collecte de fonds privés. Ce pari est-il tenu ?

En 2024, on a collecté auprès des particuliers un peu plus de 24 millions d’euros, soit un million de plus que l’année précédente. Depuis la création d’un service dédié en 2014, la SNSM a professionnalisé la collecte de fonds en constituant une équipe de cinq personnes chargées des collectes en ligne ou hors ligne, des campagnes téléphoniques ou par courrier, ou en face-à-face.

Entre 2017 et aujourd’hui, le nombre de donateurs réguliers est passé de 6.000 à 53.000, celui des donateurs ponctuels de 70.000 à 120.000. Mais il faut rendre à César ce qui appartient à César, le service communication joue un grand rôle pour faire rayonner la SNSM auprès du grand public.