A la campagne, le chemsex devient une pratique presque courante chez les jeunes.
Laurent Caillaud est décédé le 15 septembre à la suite d’une overdose dans un appartement de Tours. Selon un rapport remis au ministère de la Santé en 2022, entre 100.000 et 200.000 personnes pratiqueraient le chemsex en France.
Un nouveau décès lié au chemsex ? Laurent Caillaud, conseiller régional LR des Pays de la Loire, est mort le 15 septembre suite à une overdose dans un appartement à Tours. D’après Ici Touraine, cet intime de Bruno Retailleau serait décédé après une soirée « mêlant […] sexe et drogue », connue sous le nom de « soirée chemsex ».
Apparue en France il y a environ quinze ans, cette pratique a été mise en lumière en mars 2023 lors de l’affaire Palmade. Elle implique la prise de drogues, notamment synthétiques et stimulantes, combinée à des rapports sexuels. Historiquement associée aux grandes villes et aux hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, le phénomène s’est élargi, touchant progressivement un public plus large, bien que cela reste marginal.
### 100.000 à 200.000 chemsexeurs
D’après un rapport remis au ministère de la Santé en 2022, entre 100.000 et 200.000 personnes pratiqueraient le chemsex en France. Ce chiffre est jugé largement sous-estimé par le professeur d’addictologie Amine Benyamina, qui est l’auteur de ces recherches. « On reçoit de plus en plus de personnes aux urgences en consultation d’addictologie, et on constate également qu’il y a de plus en plus de décès. Cette pratique devient presque courante. On s’aperçoit qu’elle touche tout le monde, même dans les petites villes et à la campagne. »
### Des jeunes et des hétérosexuels
Bien que la majorité des chemsexeurs soient des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, le médecin observe une augmentation notable de la présence de personnes bisexuelles et hétérosexuelles. « Il m’arrive de recevoir en consultation des hommes mariés avec des enfants, bien intégrés socialement et occupant de bons postes. » Cette pratique se répandrait notamment dans les milieux libertins, selon Yann Botrel, coordinateur pédagogique national du diplôme universitaire « chemsex » et infirmier addictologue. « Mais cette population est souvent beaucoup moins informée sur les risques associés que les hommes ayant des rapports avec des hommes. »
L’âge moyen des praticiens diminue également. « Il y a quinze ans, on voyait surtout des quadragénaires et des quinquagénaires, témoigne Yann Botrel. Aujourd’hui, nous recevons beaucoup de jeunes, dont certains découvrent la sexualité à travers cette pratique. » Le chemsex se développe particulièrement parmi les étudiants et les « jeunes fêtards ».
### Aucune étude de grande ampleur
À ce jour, aucune étude épidémiologique d’envergure n’a été réalisée sur le sujet, ce que déplorent les professionnels. « Cela permettrait de faire un état des lieux et de mieux cibler la prévention selon les groupes concernés », souligne le professeur Benyamina.
En attendant, les professionnels de santé et les associations s’organisent pour sensibiliser et accompagner les personnes touchées. « À Lyon, nous avons créé un hôpital de jour dédié aux chemsexeurs », illustre Yann, qui va coordonner à partir de novembre le premier diplôme universitaire sur cette pratique. « Nous essayons de former le maximum de professionnels de santé et d’acteurs sociaux. »
Les choses pourraient évoluer. Le ministre de la Santé, Yannick Neuder, avait annoncé un « rendez-vous en septembre » aux députés pour un « plan chemsex 2025 ». Le professeur Benyamina a été chargé d’élaborer un nouveau rapport sur le sujet. « Maintenant, il faut passer des paroles aux actes », s’impatiente le médecin. Il attend toujours la confirmation de sa mission, qui dépendra du futur nouveau gouvernement.

