«Â En fait », « du coup », « genre »: les mots remplisseurs ne sont plus utilisés sur TikTok.

Le défi des « mots remplisseurs » sur TikTok consiste à ne pas prononcer des termes considérés comme inutiles, tels que « bah », « du coup », « genre », « en fait », « euh », et « en gros », pendant une minute. Selon Just Riadh, « il est important qu’on apprenne à utiliser la langue française comme il se doit, c’est-à-dire utiliser tous les mots du dictionnaire » lorsqu’il parle des mots remplisseurs.

A chaque semaine sa tendance sur TikTok, mais personne n’aurait réellement pensé que les utilisateurs s’attaqueraient aux tics de langage jugés nuisibles à la langue française. C’est pourtant le cas avec le défi des « mots remplisseurs », ces termes considérés comme superflus, mais souvent utilisés en excès. Lucie, une utilisatrice suivie par plus de 170.000 personnes sur le réseau social, explique : « On va essayer de se maquiller ensemble sans dire de mots remplisseurs. […] Je suis la reine des mots remplisseurs : tout ce qui est  »genre »,  »en mode »,  »grave » et tout. On va essayer de parler correctement. Déjà que dans la France de Macron, c’est dur, il faut avoir une bonne éloquence quand même. »

Le défi paraît simple en théorie : ne pas prononcer l’un de ces fameux « mots remplisseurs » pendant une minute. Parmi ceux à éviter figurent « bah », « du coup », « genre », « en fait », « euh », « en gros », « ben » et d’autres encore. L’objectif est de se passer de ces mots que l’on utilise souvent sans y penser, et qui, selon certains, peuvent nuire à la beauté de la langue française.

Tout le monde utilise des tics de langage, tant à l’oral qu’à l’écrit, mais certains de ces « mots remplisseurs » sont particulièrement présents dans les échanges. Le dictionnaire Le Robert définit ces termes comme « l’emploi d’un mot, d’un tour qui revient anormalement souvent dans le discours de quelqu’un ». Des mots comme « en fait », « du coup », « genre » ou « en mode » figurent en tête de la liste des termes à bannir sur TikTok.

Mais pourquoi cette volonté de se débarrasser de ces mots jugés inutiles ? Les utilisateurs souhaitent avant tout préserver la langue française. Just Riadh, un vidéaste, explique : « C’est assez compliqué. Je vous avoue que je ressens une sensation de claustrophobie […] mais je trouve qu’il est important qu’on apprenne à utiliser la langue française comme il se doit, c’est-à-dire utiliser tous les mots du dictionnaire. Pourquoi les remplacer par  »genre »,  »bah », alors qu’on a un langage riche et varié ? »

Comme toute tendance, celle des « mots remplisseurs » suscite des débats sur les réseaux sociaux. De nombreux utilisateurs se sont essayés au défi sur TikTok, mais certains critiquent cette approche, se sentant en décalage avec cette façon de s’exprimer, qu’ils jugent un peu rétro et robotisée. Gilles Col, professeur de linguistique à l’Université de Poitiers, interrogé par TF1 Info, souligne que ces mots sont en réalité des balises qui structurent le discours. « Sans ces mots, comment s’articulerait le fond ? Il y aurait moins d’indices », affirmait-il. Ces « mots remplisseurs » peuvent ainsi servir d’indicateurs générationnels ou régionaux, comme le « petit » fréquent dans le sud de la France ou le « putain » qui devient presque une virgule. Comment donc s’en passer ? Le débat est ouvert.