France

A Dunkerque, l’Autorité environnementale tacle le projet « Cap 2020 »

Ironie du sort, c’est le jour où le président de la République est en visite à Dunkerque afin de promouvoir la réindustrialisation du pays que le Grand port maritime de Dunkerque se prend un taquet par l’Autorité environnementale. Et ce, alors que le projet d’agrandissement de ses infrastructures, baptisé « Cap 2020 », est dans les tuyaux depuis 2017, que son financement est en passe d’être boucle, et que le port comptait lancer les travaux cette année.

Le projet « Cap 2020 » vise à étendre le port à conteneurs en y ajoutant notamment 1.000 m de quais pour porter la capacité annuelle à deux millions de conteneurs en accueillant davantage de navires, mais aussi des navires plus imposants. L’enjeu est de rester un port compétitif sur le trafic conteneurs face aux poids lourds que sont Le Havre et Hambourg. L’investissement de 400 millions d’euros de « Cap 2020 » doit permettre à Dunkerque de faire passer sa part de marché de 0,7 % en 2016 à 2,3 % en 2035.

Artificialisation, gestion des eaux et de la biodiversité

Après le débat public, lancé en 2017, le porteur du projet a revu certains points de sa copie. Ce n’était pas assez, manifestement, pour l’Autorité environnementale qui a rendu, ce vendredi, son avis sur les enjeux environnementaux du projet. Le premier grief étant « une artificialisation de surfaces agricoles et naturelles considérable au regard des objectifs de réduction fixés par la loi  »climat et résilience », en lien avec la prévention et la gestion des déblais liés aux excavations et avec l’évolution paysagère du port Ouest de Dunkerque ».

L’Autorité souligne également la problématique de « la gestion des eaux souterraines et superficielles […] compte tenu des risques induits par le bouleversement de la morphologie du territoire sur plus de 500 ha et par celui des écoulements qui en résultera dans le contexte du changement climatique ». Elle déplore aussi « l’érosion de la biodiversité […] compte tenu de la destruction de surfaces très importantes de zones humides et d’autres milieux naturels et espèces ». Le rapport complet est établi sur plus de 40 pages.

Une « étude d’impact d’une qualité médiocre »

L’entité indépendante dénonce surtout une « étude d’impact d’une qualité médiocre » qui « comporte des erreurs graves d’interprétation de la réglementation » qui conduisent « à faire l’impasse sur des enjeux environnementaux essentiels ». Pour l’Autorité environnementale, le dossier présenté par le Grand port maritime de Dunkerque ne démontre pas de « raisons impératives d’intérêt public majeur » qui pourraient justifier les « nombreuses atteintes aux espèces protégées ».

La conclusion est qu’en « l’état, le projet ne semble pas compatible avec plusieurs obligations législatives et réglementaires ». Ainsi, selon l’Autorité, « les évaluations environnementales du projet stratégique du port et de ce projet, devraient être intégralement reprises et présentées de nouveau aux autorités environnementales ».