France

A Cazaux, l’Armée de l’Air dit adieu à l’Alphajet pour la formation de ses pilotes de chasse

« On aura eu la chance de faire partie de cette histoire… » Séquence émotion, jeudi, sur la BA de 120 de Cazaux (Gironde), pour le « macaronnage » de la dernière promotion de pilotes de chasse formés sur Alphajet. Six jeunes officiers de l’Ecole de l’air et de l’espace ont reçu leurs ailes, après trois années en filière chasse au sein de l’escadron 3/8 Côte d’Or de Cazaux.

« C’est un honneur de faire partie de la dernière promotion sur Alphajet et de terminer 43 ans de formation sur cet avion, on en est très fiers, assure l’un des six pilotes brevetés, le lieutenant Thibault. C’est un avion formidable, mythique, que l’on voit voler depuis qu’on est enfant avec la Patrouille de France. C’est un avion à réaction exceptionnel, on peut faire de la voltige dans tous les sens, et il va vite, il pousse. On va le regretter et c’est sûr que pour le tout dernier vol, on aura la larme à l’œil. »

Les six derniers pilotes de chasse à avoir été formés sur Alphajet, lors de la remise de leurs brevets.
Les six derniers pilotes de chasse à avoir été formés sur Alphajet, lors de la remise de leurs brevets. – Mickaël Bosredon

L’Alphajet tire sa révérence en ce qui concerne la formation des pilotes de chasse, puisque celle-ci s’effectuera désormais, entièrement, à la BA 709 de Cognac (Charente) et uniquement sur PC 21. Les six jeunes pilotes brevetés jeudi continueront toutefois de voler avec quelques mois encore, le temps de terminer leur période de transition opérationnelle lors de laquelle ils vont apprendre le combat tactique, au sein de l’escadron 3/8 Côte d’Or à Cazaux.

« Une page historique qui se tourne pour l’Armée de l’Air »

L’Alphajet équipait l’Armée de l’air depuis décembre 1978. Il s’était posé à Cazaux pour la première fois en 1982. Ce biréacteur biplace a été conçu pour répondre à un programme commun des armées de l’Air française et allemande, il est ainsi le premier avion réalisé conjointement par Dassault et Breguet. Destiné à succéder aux Fouga-Magister et aux Lockheed T 33, il a été entrepris en coopération avec la société allemande Dornier.

Depuis 1979, il a servi sans interruption à la formation opérationnelle avancée de tous les jeunes pilotes français. « C’est donc une page historique qui se tourne pour l’Armée de l’Air » a souligné le général Laurent Lherbette, commandant des forces aériennes. Le grand public pourra toutefois continuer d’admirer l’Alphajet quelques années encore, grâce à la Patrouille de France.

Un remplacement au sein de la Patrouille de France vers 2030 ?

« Nous allons conserver l’avion jusqu’à ce qu’on lui trouve un successeur pour la PAF » confirme le capitaine Romain Leseigneur, Athos 9 au sein de la patrouille, et que l’on surnomme le « remplaçant », ce qui veut dire qu’il est le pilote le plus expérimenté de la patrouille, capable de remplacer n’importe quel de ses équipiers. « On entend parler du début des années 2030 pour le remplacement de l’Alphajet, cela va donc venir assez vite, et c’est vrai que ce sera un pincement au cœur quand la Patrouille retirera cet avion, mais c’est aussi l’histoire de la PAF que de se renouveler. Nous allons fêter nos 70 ans cette année et l’Alphajet nous équipe déjà depuis 1982. »

Le capitaine Romain Leseigneur, Athos 9 au sein de la Patrouille de France.
Le capitaine Romain Leseigneur, Athos 9 au sein de la Patrouille de France. – Mickaël Bosredon

Toutefois, son successeur n’existe pas encore. Dassault, à titre d’exemple, n’a pas de jet d’entraînement. Dès lors se pose la question de lancer un projet européen, d’autant plus que plusieurs patrouilles nationales cherchent des avions pour se renouveler.

Et il ne sera pas forcément aisé de lui trouver un remplaçant, car « beaucoup de patrouilles nationales nous envient cet avion » assure le capitaine Romain Leseigneur, même si les pilotes le surnomment affectueusement le « gadget ». « C’est un avion qui est juste parfait pour ce que l’on fait tant dans sa fiabilité que sa maniabilité. C’est un biréacteur, ce qui le rend très fiable, et il a des vitesses d’évolution qui vont de 200 à 600 km/h qui permettent d’avoir des rayons de virage proches du public, donc d’avoir une forte présence scénique, c’est parfait pour le show aérien. » C’est notamment lors des solos qu’il « montre tout son potentiel et sa richesse. »