A 25 ans, Zélie Brault vit dans le château de l’artiste Rosa Bonheur : « Je l’imaginais comme une maison de sorcière »

«Vivre dans une maison où il y a des animaux empaillés alors que j’étais végétarienne… Ce n’était pas vraiment pour moi. Au début, je me disais : pitié, je ne veux pas habiter là ! ». Zélie Brault évoque aujourd’hui ce souvenir avec amusement. Depuis plusieurs années, elle vit et travaille dans un lieu chargé d’histoire : le château de Rosa Bonheur.
Riche et célèbre de son vivant, Rosa Bonheur est une peintre animalière haut en couleur du XIXe siècle. Toujours d’une grande coquetterie, elle fume, porte le pantalon, réalise des combats d’escrime avec son meilleur ami, et chérit le couple de lions qui vit en liberté dans le parc du château.
« Une maison de sorcière »
Dans son vaste atelier, le temps semble s’être figé en 1899. Les aquarelles, et fioles de pigments côtoient, accrochés aux murs, « Kiki, François, et Ernest ». À savoir : les sangliers et le loup empaillés de Rosa Bonheur. « Je me dis souvent que c’est complètement barjo de vivre ici », confie Zélie, poings sur les hanches, sourire aux lèvres.
La jeune femme emménage en 2017 dans ce château à la lisière de la forêt de Fontainebleau. Elle n’a que 17 ans et prépare son baccalauréat. Le château inspire chez elle un sentiment de rejet et de fascination. Elle le trouve à la fois « lugubre et mystique », se l’imagine tel « une maison de sorcière ».
L’idée de restaurer le domaine vient de sa mère, Katherine Brault. En quête d’un lieu pour ouvrir des chambres d’hôtes, elle jette son dévolu sur cette demeure XVIIIe siècle, ayant autrefois appartenu aux seigneurs de By.
Extase des premières trouvailles
Son acquisition relève pourtant du parcours du combattant : trois longues années et de nombreux refus bancaires. Mais les anciens propriétaires acceptent de baisser le prix du château et ses portes s’ouvrent enfin à la famille Brault. Musée, chambre d’hôtes, expositions temporaires, salon de thé, les projets affluent.
« Vivre dans un musée, ce n’est pas reposant, mais c’est toujours émouvant. On vit dans les meubles d’époque, on fait toujours très attention », dépeint Zélie.
Accoudée à une commode ancienne, la jeune femme se remémore l’extase des « premières trouvailles ». Notamment ce grand morceau de toile « roulée et poussiéreuse » qui n’était autre que l’œuvre primitive Le Marché aux chevaux, la peinture qui a rendu Rosa Bonheur célèbre et lui a permis d’acheter le domaine en 1855.
« Comme ma grand-mère »
Chaque fois qu’elle passe par le vestibule menant à sa cuisine, Zélie ne peut s’empêcher de jeter à la volée un « Bonjour Rosa ! » , à l’attention du grand portrait de l’artiste caché dans la pénombre.
« Ici, elle est partout. C’est un peu comme si elle veillait sur moi. Je pense que si nous nous étions rencontrées de son vivant, nous nous serions bien entendues. Nous ne serons jamais liées par le sang, mais je l’aime un peu comme un membre de ma famille. Comme ma grand-mère ».
Pour retrouver l’intégralité du reportage, visionnez la vidéo en tête de cet article.

