France

1er-mai à Marseille : Plaza « violeur », « QI de mouche de Bayrou »… La manif était une arche de Noé des revendications

Dans le cortège marseillais,

« On est là pour montrer que les travailleurs sont toujours présents. C’est ça le 1er mai et on pourra dire la même chose l’an prochain, dans deux ans, etc. », résume Franck, professeur des écoles dans les quartiers Nord de Marseille, et syndiqué à l’Unsa. Comme lui, environ 3.500 personnes, selon la préfecture, sont venues manifester à partir de 10h30 sur le Vieux-Port et un parcours d’1,5 kilomètre effectué dans la bonne ambiance et sous le soleil.

Emmené par une banderole unitaire des syndicats « pour la paix et le progrès social » – FO faisant bande à part selon la tradition locale –, la manifestation est derrière celle-ci un agrégat de toutes les luttes sociales et formations syndicales et politiques de gauche. On y voit, chacun bien rangé dans son carré, des drapeaux CGT, FSU, Sud Solidaires, CNT, CFDT, des partis politiques, PCF, LFI, EELV et des anarchistes sont de la partie. Du rouge, du vert, du noir, de l’orange et pas mal de drapeaux rouge-vert-noir de la Palestine devant lesquels une banderole de jeunes de Révolution permanente soutient « guerre à la guerre ».

Dans cette arche de Noé des luttes sociales, figure également cette année un petit groupe de militants kanaks, une nouveauté à Marseille. « C’est pour visibiliser un peu la situation au pays et revendiquer, si ce n’est leur libération, le retour aux pays des prisonniers politiques », explique Karine alors sept indépendantistes kanaks sont incarcérés en métropole après la révolte du printemps 2024.

Il y a aussi les habitués, à l’image de Patrice, cheminot retraité, badge de la CGT et du PCF sur son tee-shirt « quartiers Nord », figurant un poing levé. « Je suis là pour l’abrogation de la réforme des retraites et pour qu’on récupère les 200 milliards d’euros d’aides aux entreprises pour les hôpitaux, les écoles et la Sécurité sociale », répond-il après s’être gratté un temps la tête sous sa casquette cubaine.

« On n’a pas trop d’espoir »

Plus radical, on trouve un peu après Lyana, qui attend avec son fils sur les épaules. « Je manifeste pour la fin de l’Etat, la mort des fachos et l’arrêt du capitalisme », indique la trentenaire qui s’apprête à rejoindre le cortège anarchiste, qui laissera quelques tags sur le trajet, gratifiant une agence Stéphane Plaza de « violeur » et revendiquant « un 1er mai toute l’année », jour de « fête du non-travail ».

Quelques jeunes étudiants sont aussi du parcours. Comme groupe de quatre Marseillais et Marseillaises deux en écoles d’ingénieur, une en art et l’autre en droit. « On aimerait déjà que le vote du peuple soit respecté et entendu mais on n’a pas trop d’espoir » disent-ils, réfléchissant au cortège qu’ils vont rejoindre en cours de route. « Personnellement j’aime bien les cortèges féministes », avance l’une d’elles.

« Une bonne manifestation »

Tradition à Marseille, le camion bleu de la CGT Energie donne de la voix avec son speaker et son démon du travail en costume. Le 1er mai y prend un tour carnavalesque dans une gouaille toute syndicaliste et marseillaise : « Et de quoi elles nous parlent les télés cette année ! ? Ils n’ont rien trouvé d’autre que pourquoi on ne travaillerait pas le 1er mai ? Et puis quoi encore ? Et l’autre là Bayrou, avec son QI de mouche et ses oreilles d’éléphant, lui, il a passé sa vie assis derrière un bureau. »

Nos articles sur le 1er-mai

Après son tour de piste arrivé à destination peu après 12h30, les manifestants se sont dispersés calmement, prêts à poursuivre leur journée chômée. Redescendant vers le port, on les repère assis aux terrasses des cafés et des snacks, les drapeaux rangés et les pancartes aux sols.

« C’était une bonne manifestation », conclut Rolland, un militant LFI qui savoure sa Guinness et qui est satisfait de voir qu’il « y a eu un peu plus de monde que l’an dernier ». Trois mille en 2024 selon préfecture, contre 3.500 cette année, donc. Dans les rangs de LFI les députés Sébastien Delogu et Manuel Bompard étaient présents. Et en militant politique, Rolland a déjà le regard tourné vers les municipales 2026 à Marseille, où la guerre entre l’actuel maire Benoît Payan (ex-PS), pas vu dans le cortège et LFI devrait bien avoir lieu.