Yves Coppieters prône le retour du port du masque dans certains cas: « Les services d’urgences sont saturés partout dans le pays »
Le ministre wallon de la Santé, Yves Coppieters (Les Engagés), alerte sur une forte vague d’infections respiratoires (en particulier la grippe) touchant particulièrement les enfants, les personnes âgées et les plus fragiles. Vaccination, port du masque et consultation de première ligne sont au cœur des recommandations.
- Publié le 09-01-2025 à 09h39
La grippe sème la pagaille dans les hôpitaux belges, saturant les urgences de Liège à Bruxelles. Yves Maule, chef des urgences au CHU Brugmann et vice-président de la Fédération des infirmiers d’urgence, dresse un constat sans appel : « La situation que nous observons à Bruxelles est similaire à celle du reste de la Belgique. Les services d’urgences sont saturés partout, que ce soit en Wallonie, à Bruxelles ou en Flandre. Il n’y a pas de profil type parmi les patients touchés par la grippe : certaines personnes plus fragiles la subissent de manière plus sévère et requièrent une hospitalisation. »
Selon lui, l’un des principaux problèmes actuels réside dans la difficulté à trouver des lits d’hospitalisation. « Les hôpitaux sont déjà bien remplis en janvier, comme c’est souvent le cas à cette période de l’année. La grippe s’ajoute simplement à cette charge de travail, même si heureusement, le Covid reste peu présent pour l’instant. »
guillement La fenêtre optimale pour se faire vacciner diminue progressivement »
« Il n’y a pas de message spécifique à faire passer à la population », explique-t-il, soulignant que malgré les campagnes de prévention, beaucoup de patients ne suivent pas toujours les recommandations.
Il faut dire que depuis le Covid, un nouveau phénomène émerge : de plus en plus de patients se rendent aux urgences pour des symptômes de grippe, là où ils auraient auparavant consulté leur médecin généraliste ou opté pour l’automédication. Cette tendance contribue à saturer les services d’urgence avec des cas qui pourraient être pris en charge en première ligne.
« La pression s’accroît et le pic reste à venir »
Face à cette situation, Yves Coppieters, ministre de la Santé en Wallonie et en Fédération Wallonie-Bruxelles, appelle la population à consulter d’abord leur médecin généraliste avant de se rendre aux urgences. Ces dernières doivent en effet être réservées aux cas graves afin de permettre aux équipes hospitalières de concentrer leurs efforts sur les patients les plus vulnérables.
Dans cette optique, un courrier a été envoyé ce matin par l’AVIQ à toutes les maisons de repos et de soins, aux médecins coordinateurs et aux médecins généralistes pour rappeler les bonnes pratiques en matière de prévention et de gestion des cas. Cela inclut l’utilisation d’équipements comme les oxyconcentrateurs et une coordination renforcée avec les médecins traitants pour limiter les hospitalisations inutiles.
guillement Pour l’instant, nous gérons, mais cela pourrait devenir plus compliqué si d’autres virus venaient s’ajouter à la grippe »
« La pression sur nos hôpitaux s’accroît, et le pic reste à venir. Nous pouvons limiter l’impact en suivant ces recommandations, pour limiter la propagation et permettre à nos personnels de soins de prendre en charge les malades de manière appropriée, souligne-t-il.
Si le vaccin contre la grippe et la Covid restent une mesure efficace pour limiter les complications graves (sans pour autant éviter de contracter la maladie), la fenêtre optimale pour se faire vacciner diminue progressivement. Concernant l’usage du masque, sans atteindre les niveaux atteints sous le Covid, le port de celui-ci est souhaité si vous présentez des symptômes (toux, fièvre), afin d’éviter de propager vos microbes, et bien entendu si vous êtes dans une situation de fragilité et considérée comme à risques, c’est une mesure préventive nécessaire« .
Yves Maule rappelle également à quel point la pénurie de personnel et le manque de lits hospitaliers sont des problèmes persistants, bien au-delà de l’épidémie de grippe actuelle. « Cela fait des mois que la situation est tendue dans les hôpitaux. Il n’y a pas de marge de manœuvre et le personnel reste en sous-effectif. Pour l’instant, nous gérons, mais cela pourrait devenir plus compliqué si d’autres virus venaient s’ajouter à la grippe. Nous avons connu la vague de RSV (virus respiratoire syncytial), maintenant c’est la grippe. Pour les urgences, c’est un exercice habituel d’adaptation. Mais il est vrai que les patients passent parfois plus de temps aux urgences lorsqu’elles sont surchargées, ce qui a des répercussions sur l’ensemble du système. »