Belgique

Yves Coppieters (Les Engagés) : « Optimisation des allocations familiales pour les 15-25 ans »

Le ministre Yves Coppieters a souligné que « un ménage sur trois en Wallonie est à risque de précarité », rappelant que l’équilibre entre rigueur budgétaire et solidarité doit rester une ligne directrice du gouvernement. Il a également indiqué que « la déclaration de politique régionale dit qu’il faut optimiser les allocations familiales », en précisant que le gouvernement explore des pistes d’optimisation pour les jeunes de 15 à 25 ans.

«  Nous avons un budget wallon dans lequel des efforts considérables sont nécessaires, et nous voulons bien sûr éviter de remédier à cette dette de 2 milliards qui est une préoccupation, pour laquelle des solutions doivent être trouvées « , a-t-il souligné. Le ministre rappelle que ces solutions devront être collectives : «  Elles se trouveront dans toutes les politiques, que ce soit dans mon domaine et bien sûr dans celles de mes collègues. « 

Le ministre Yves Coppieters insiste sur l’importance d’investir dans les Wallonnes et les Wallons, avant tout «  en pleine santé « , afin de donner corps aux réformes envisagées par la majorité. «  Il faut veiller à ne pas accroître les inégalités. Un ménage sur trois en Wallonie est à risque de précarité, et donc il ne faut pas amplifier ce risque ni perdre la cohésion sociale, qui reste un moteur de nos futures réformes « , a-t-il averti.

Pour lui, l’équilibre entre rigueur budgétaire et solidarité doit demeurer une ligne directrice du gouvernement. Même si la situation financière est jugée «  conséquente  », cela ne doit pas se faire au détriment des protections sociales : «  L’équilibre est présent, mais la situation budgétaire est conséquente. « 

Dialogue au sein de la coalition

Avec un budget délicat en perspective, certains observateurs anticipent des tensions au sein de la majorité. Alors que des voix évoquent un risque de dérive vers la droite, en particulier sur le plan social, Yves Coppieters apporte une nuance : «  Non, pas du tout, car je fais partie d’une coalition. « 

Il met l’accent sur la pédagogie nécessaire pour expliquer les arbitrages financiers à réaliser : «  Il faudra faire beaucoup de pédagogie.  » Cela prépare le terrain alors que la coalition s’efforce de concilier impératifs budgétaires et maintien d’un socle de solidarité.

Santé, emploi et cohésion sociale au cœur des priorités

Concernant le risque de stigmatisation des ménages précarisés, Yves Coppieters a tenu à préciser sa position : «  Non, pas du tout. Il n’y a pas de stigmatisation. Cela fait partie des politiques que je défends. Mais mes collègues les défendent aussi. « 

Reconnaissant son arrivée récente en politique, le médecin de formation a expliqué qu’il défend les compétences qui lui ont été attribuées, mettant l’accent sur le rôle crucial de la santé dans l’équilibre social et économique de la Wallonie.

«  Je suis convaincu que si nous n’investissons pas dans la santé et dans la prévention, comment allons-nous réinsérer au marché du travail les personnes qui quittent avant 60 ans ? « , a-t-il demandé, en évoquant la crise des vocations dans le secteur des soins. Selon lui, la revalorisation de professions telles que celles d’infirmiers et d’infirmières est essentielle pour renforcer le marché du travail. «  C’est l’une des clés, j’en suis convaincu, tout comme l’entrepreneuriat et la valorisation de l’économie sociale, ainsi que d’autres dimensions qui nous permettront de passer les transitions sociales, économiques et environnementales dans le bon sens. « 

Vers une réforme des allocations familiales pour les jeunes ?

Au-delà des enjeux de santé et d’emploi, le débat budgétaire portera aussi sur les allocations familiales. Le ministre-président Adrien Dolimont (MR) a insinué que cette politique, compte tenu de son poids financier, pourrait évoluer. Yves Coppieters a confirmé que le gouvernement explore des pistes d’optimisation, notamment pour les jeunes de 15 à 25 ans.

«  La déclaration de politique régionale indique qu’il faut optimiser les allocations familiales. C’est le travail que je suis en train de réaliser et que je présenterai au gouvernement « , a-t-il déclaré.

L’une des pistes envisagées consiste à conditionner ce soutien non seulement à l’âge, mais aussi à un engagement en formation ou en insertion. «  L’idée est de travailler sur une meilleure réallocation des allocations familiales pour les 15-25 ans, afin que ce ne soit pas un droit direct, mais basé sur une formation et une validation du Forem. « 

Lorsque questionné sur la nécessité pour les jeunes d’être étudiants, en formation ou en projet d’insertion pour continuer à percevoir leurs allocations, le ministre a confirmé : «  Tout à fait, ou impliqués dans un projet d’insertion professionnelle, bien sûr. C’est très important, car nous ne pouvons pas, à partir de 18 ans, accorder systématiquement ce droit à des jeunes qui n’auraient pas cette volonté de formation. « 

Des allocations universelles à préserver

Alors que certains partenaires de la coalition estiment qu’il n’est pas normal que des ménages aisés perçoivent les allocations, Yves Coppieters défend le principe du droit universel tout en soulignant la réalité des besoins. «  Ces personnes contribuent d’une autre manière à la sécurité sociale. Et je vous rappelle que la Sécurité sociale wallonne est un fondement de notre cohésion sociale et de la lutte contre la pauvreté infantile « , a-t-il expliqué.

Le ministre déclare qu’ » un tiers des Wallonnes et Wallons ont besoin de ces allocations pour leurs besoins de base « , pour des dépenses essentielles telles que les soins dentaires ou le matériel médical pour enfants. «  Il est absolument nécessaire de maintenir ce système, voire de revoir les plafonds pour les plus bas revenus « , a-t-il insisté.

Concernant un éventuel décalage de l’indexation, il a nuancé : «  Oui, c’est envisageable, car cela dépend des accords avec le fédéral. Mais l’indexation sera bien maintenue et les droits de chacun seront confirmés. « 

Rationaliser la gouvernance en santé et solidarité

Enfin, au sujet des pistes d’économies dans son portefeuille, qui couvre plusieurs domaines importants (santé, environnement, solidarité, économie sociale), Yves Coppieters insiste sur la nécessité de simplifier et rationaliser plutôt que de réduire. «  En ce qui concerne la santé, je peux déjà vous dire qu’il y a tout un aspect de simplification administrative, de recours au droit, de révision de la gouvernance et de meilleure gestion de l’administration qui gère la santé et le handicap en Wallonie « , a-t-il expliqué.

Il rappelle que le gouvernement a déjà opté pour un moratoire sur les recrutements dans l’administration et les unités autonomes de service (UAP). Selon lui, l’enjeu est d’utiliser mieux les moyens existants, en réaffectant certaines compétences.

Préserver les métiers du soin et soutenir l’autonomie

Aux personnes qui craignent que la recherche d’économies s’effectue au détriment du personnel soignant, Yves Coppieters se veut rassurant. «  Nous allons a priori préserver ce type d’appui. Nous souhaitons valoriser le personnel de santé, revoir les normes dans les hôpitaux et les maisons de repos en termes d’encadrement. Nous voulons inciter les jeunes à entrer dans les métiers du soin et de l’aide à domicile « , a-t-il expliqué, en reconnaissant que ces choix entraînent un coût supplémentaire.

Cependant, le ministre rappelle que le conclave budgétaire aura pour mission de définir sur quels postes réaliser des économies et où investir davantage. Il a aussi réaffirmé l’une des ambitions inscrites dans la Déclaration de politique régionale : « Mettre en place une garantie autonomie pour maintenir les personnes vieillissantes à domicile et renforcer les services d’encadrement permettant de préserver leur autonomie. »

Vigilance autour de la réforme du chômage

Au-delà des soins et des allocations familiales, Yves Coppieters a également été interrogé sur la réforme du chômage, décidée au niveau fédéral mais dont l’impact se fera sentir en Wallonie. Alors que certains estiment qu’il n’est pas à l’aise avec cette évolution, il nuance : « Non, pas du tout. C’est une politique importante. Je pense que nous sommes à la fin d’un cycle. Nous avons bien compris qu’il faut changer le système. Cela fait partie du programme des Engagés comme du programme du MR.« 

Cependant, il appelle à la prudence, en raison d’un manque d’évaluations précises : « Nous devons avoir des informations claires sur les conséquences. Le ministre-président est toujours en négociations avec le niveau fédéral pour obtenir des chiffres précis.« 

Dans ses compétences, axées sur les solidarités, Yves Coppieters rappelle en priorité la lutte contre la précarité : « C’est la lutte contre la pauvreté, contre le sans-abrisme, contre la grande précarité. Attention : n’oublions pas ces personnes éloignées de l’emploi qui nécessiteront d’autres mécanismes pour être réellement réinsérées.« 

Miser sur les projets pilotes et l’économie sociale

À ce sujet, le ministre fait référence aux mécanismes déjà expérimentés pour renforcer l’insertion. « Nous avons préparé ce filet. Une série de projets pilotes, comme les territoires zéro chômeur ou les territoires de reprise par l’économie sociale, visent à intégrer les personnes les plus éloignées de l’emploi en fonction de leur profil.« 

Bien qu’il admette que les résultats ne soient pas encore pleinement quantitatifs, il considère qu’ils restent prometteurs : « Je suis convaincu que ce type de projet pilote peut être étendu à une plus grande échelle, et il ne faut pas négliger ce type de critères.«