Willy Demeyer (PS) : “L’idée que le PS était le parti des assistés a percolé, même si c’est faux et injuste”
Comment réagit le bourgmestre de Liège à l’arrivée au MR de plusieurs anciens membres du parti d’extrême droite Chez Nous ? Craint-il la « guerre culturelle » menée à la gauche par Georges-Louis Bouchez, le président libéral ? Le socialiste perçoit un mouvement mondial de création d’une nouvelle droite radicale. Il donne également son avis sur la refondation en cours de sa formation politique.
- Publié le 18-01-2025 à 07h04
Le MR, via notamment son centre d’études – le centre Jean Gol – anime le débat public et mène une guerre idéologique à la gauche. Face à cet investissement important des libéraux, le PS semble un peu mou…
Maintenant, c’est clair : il existe un mouvement mondial qui additionne la droite classique et l’extrême droite pour en faire une droite radicale. Cela permet d’aller chercher les quelques pourcents nécessaires à la droite pour battre la gauche. C’est aussi simple que cela. Les élections américaines ont été le révélateur de tout cela, la référence mondiale. On voit d’ailleurs qui sont les invités personnels de Trump pour la cérémonie d’investiture : Tom Van Grieken (le président du Vlaams Belang, NdlR), Eric Zemmour…
Le MR évolue vers la droite radicale, lui aussi ?
En tout cas, ça y ressemble… Je vais citer Umberto Eco. Selon lui, il y a 14 signes pour reconnaître le fascisme et le premier d’entre eux est la haine de la culture. Moi, je suis rentré en politique pour la culture, avec la conviction que la culture et l’éducation permanente permettent d’émanciper les individus. À Liège, on a beaucoup développé la politique culturelle.
Vous faites référence aux récents propos de Georges-Louis Bouchez, président du MR, qui a affirmé qu’on pourrait se passer du poste de ministre de la Culture.
Voilà… Un deuxième indice de l’évolution du MR : il accueille des militants d’extrême droite, dont Noa Pozzi, qui était tête de liste du parti Chez Nous aux élections fédérales (dans la circonscription de Liège). Je n’en tire pas plus de conclusion actuellement. Et j’ai noté que les libéraux liégeois, qui participent à la majorité communale à Liège, ont annoncé qu’ils resteraient vigilants à l’égard de ces nouveaux membres du MR. Mais, sur les réseaux sociaux, Noa Pozzi a posté un message expliquant son arrivée au MR et affirmant qu’il ne renierait pas ses valeurs et convictions profondes. Je crois que c’est clair. Les démocrates doivent être vigilants. C’est peu de dire que nous sommes dans une époque troublée…
Le PS a entamé sa refondation. Vu la constitution d’une droite radicale comme vous l’affirmez, vu la concurrence du PTB à gauche, les socialistes doivent-ils se recentrer politiquement ? Ou, au contraire, se montrer plus radicaux ?
Notre démarche est sincère car le parti envisage même de changer de nom, ce qui n’a jamais été fait. Je suis associé à la réflexion. Nous avons perdu les derniers scrutins. Nous devons être très à l’écoute de la population et faire en sorte que nos futures propositions soient en phase avec les gens et soient aussi progressistes. En ce qui me concerne, je pense que nous devons à la fois défendre la solidarité et une forme de reconnaissance du mérite. L’idée que le PS était le parti des assistés a percolé, même si c’est faux et injuste.
La transformation du parti socialiste flamand en Vooruit pourrait inspirer le PS ?
Je constate que le changement de nom a bien pris. Vooruit, c’est clair, ça parle aux Flamands. Je suis ouvert au changement de nom du PS et si c’est pour faire quelque chose de cette qualité, pourquoi pas.
guillement Vooruit, c’est clair, ça parle aux Flamands. Je suis ouvert au changement de nom du PS. Et si c’est pour faire quelque chose de cette qualité, pourquoi pas.«
Mais Vooruit négocie avec la N-VA ou encore le MR pour former le prochain gouvernement fédéral. Pas très socialiste, ça…
Une réalité n’est pas l’autre. Vooruit est en majorité avec la N-VA à Anvers et à la Région flamande. Et les élections n’ont pas été bonnes pour nous et cela fait qu’on n’est pas au pouvoir. C’est la démocratie.