Vol des bijoux du Louvre : la traque démarre, débat sur sécurité des musées
Le vol au musée du Louvre, qui a eu lieu peu après l’ouverture dimanche aux alentours de 09h30, a été réalisé par des cambrioleurs qui ont volé neuf pièces du XIXe siècle. Selon le ministère de la Culture, les malfaiteurs ont été mis en fuite grâce à l’intervention d’agents du musée, laissant derrière eux leurs équipements.
Portant l’empreinte de la criminalité organisée, le vol en plein jour survenu dans le plus grand musée du monde, qui attire près de 9 millions de visiteurs par an et abrite 35 000 œuvres sur 73 000 m², a suscité un retentissement international. Cet événement a également déclenché une controverse politique et ravivé le débat sur la sécurité des musées français, qui présentent « une grande vulnérabilité », a reconnu le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez.
Peu après l’ouverture dimanche, vers 09h30, une nacelle se positionne sous un balcon. Deux cambrioleurs, après avoir découpé une vitre à l’aide d’une disqueuse, s’introduisent dans la galerie d’Apollon, créée par Louis XIV pour célébrer sa gloire en tant que Roi-Soleil. Cette salle abrite « la collection royale de gemmes et les diamants de la Couronne », composés d’environ 800 pièces.
Les malfaiteurs ouvrent deux vitrines à l’aide de la disqueuse, scène partiellement filmée par un téléphone portable, vraisemblablement par un visiteur, selon une source policière, et diffusée par les chaînes d’information. Masqués, ils réussissent à dérober neuf pièces, toutes datant du XIXe siècle.
L’un des cambrioleurs identifiable sur les images portait un gilet jaune. Les enquêteurs, ayant aussi accès à des images de vidéosurveillance, ont mis la main sur un gilet jaune, retrouvé par un « citoyen », a indiqué la procureure de Paris, Laure Beccuau.
La couronne de l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III (empereur de 1852 à 1870), a été abandonnée par les cambrioleurs lors de leur fuite. Son état est « en cours d’examen », selon le ministère de la Culture.
Cependant, huit pièces « d’une valeur patrimoniale inestimable » ont été emportées, selon les autorités. Parmi celles-ci figurent le diadème d’Eugénie, orné de près de 2000 diamants, ainsi que le collier de la parure de saphirs de Marie-Amélie, dernière reine de France (épouse de Louis-Philippe Ier, roi des Français de 1830 à 1848), et d’Hortense de Beauharnais (mère de Napoléon III). Ce collier est composé de huit saphirs et de 631 diamants, selon le site internet du Louvre. L’opération a duré sept minutes et a été menée par des cambrioleurs « chevronnés », susceptibles d’être « étrangers » et « éventuellement » connus pour des faits similaires, a précisé Laurent Nuñez.
Selon le ministère de la Culture, grâce à l’intervention d’agents du musée, « les malfaiteurs ont été mis en fuite, laissant derrière eux leurs équipements ». Les pièces volées sont difficiles, voire impossibles, à revendre en l’état. Dès lors, deux hypothèses se présentent, selon Laure Beccuau : les auteurs auraient pu agir « au bénéfice d’un commanditaire » ou avoir voulu obtenir « des pierres précieuses pour pratiquer des opérations de blanchiment ».
Ce vol, le premier enregistré au Louvre depuis celui en 1998 d’un tableau de Camille Corot qui n’a jamais été retrouvé, relance la discussion sur la sécurité des musées. Moins protégés que des banques et renfermant des trésors d’orfèvrerie, ils deviennent des cibles privilégiées pour des groupes criminels.
Il y a un mois, des voleurs s’étaient introduits de nuit au Muséum d’histoire naturelle de Paris pour dérober 6 kg de pépites d’or. En septembre dernier, un musée à Limoges (sud-ouest) avait subi un cambriolage pour un préjudice de 6,5 millions d’euros. Un an auparavant, des figurines en or d’une valeur de 5 millions d’euros avaient été volées à Paray-le-Monial (centre). Bien que sept personnes aient été interpellées, les sculptures n’ont pas été retrouvées.
« Jusqu’où ira le délitement de l’État ? », s’est indigné Jordan Bardella, président du Rassemblement national (extrême droite), dénonçant une « insupportable humiliation » pour la France.
Selon le ministère de la Culture, les alarmes placées sur la fenêtre extérieure de la galerie ainsi que sur les deux vitrines de haute sécurité se sont déclenchées. Elles « étaient en fonctionnement » et le poste de sécurité « en a été destinataire », a déclaré Laure Beccuau. Il « reste à savoir si les gardiens ont entendu ces alarmes » et si elles ont bien « sonné » dans la salle concernée.
« Nous retrouverons les œuvres et les auteurs seront traduits en justice », a promis dimanche soir sur X le président français Emmanuel Macron.
Une soixantaine d’enquêteurs de la brigade de répression du banditisme (BRB) de la police judiciaire parisienne et de l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) sont mobilisés.

