Belgique

Vive émotion au procès des attentats à Bruxelles: « Jamais, au grand jamais, je ne leur pardonnerai! », assène une victime

Le jour des faits, le quinquagénaire, entraîneur d’une équipe de jeunes du club de foot de l’AS Eupen, s’apprêtait à prendre l’avion avec vingt jeunes de 15 ans pour Barcelone afin d’y disputer un tournoi international durant une semaine. Youssef Solhi avait fixé rendez-vous aux adolescents à 8h00 dans le hall des départs.

Une victime se confie au procès des attentats de Bruxelles: « Le seau était plein mais, là, il a débordé »

Après avoir entendu la première explosion, alors qu’il se trouvait, seul, devant le tableau d’affichage du hall des départs, l’homme se réfugie à l’extérieur du terminal, d’où il assiste à la deuxième détonation. Il commence alors à venir en aide aux blessés avant de s’inquiéter du sort des jeunes dont il avait la charge.

Après quelques dizaines de minutes, il finit par avoir des nouvelles de l’ensemble des jeunes. Le groupe prendra finalement la route de Barcelone le soir-même, en car, afin de disputer le tournoi malgré les difficiles circonstances et afin que le traumatisme ne s’installe pas trop parmi les jeunes.

Corinne Rousseau ne se trouvait pas aux côtés de son mari le 22 mars 2016. Lorsque Youssef Solhi l’appelle, il est paniqué au téléphone. « Je ne l’ai jamais entendu comme ça », se souvient-elle. « Le ciel m’était tombé sur la tête. » Elle retrouvera son compagnon quelques heures plus tard, à leur domicile, les vêtements pleins de sang.

Au retour de Barcelone, le couple a énormément discuté des attentats. L’entraineur a commencé à faire des cauchemars et à développer des problèmes de santé alors qu’il n’avait jamais eu le moindre souci avant ça et ne prenait jamais de médicaments, a relevé sa compagne.

Vent de panique au procès des attentats de Bruxelles

Son caractère a également changé. « Il est devenu très soupe au lait, très agressif, avec tout le monde. Mais ça ne dure pas. Ça monte, ça descend », décrit sa femme. « Il peut être joyeux et très aimable pendant des heures puis, subitement, en une fraction de seconde, il y a un changement dans son comportement. »

En 2017, on finit par diagnostiquer un cancer du sang chez le quinquagénaire. « C’est notre bataille au quotidien. La seule chose à faire est de stabiliser la situation », confie à ce sujet Corinne Rousseau.

Le couple est formel: l’élément déclencheur de ce cancer est bien l’attaque dont Youssef Solhi a été victime.

Avant la maladie, l’homme se demandait toujours pourquoi les autres étaient morts et pas lui. Il était habité par un profond sentiment de culpabilité, se remémore encore sa compagne. Lorsqu’il était en congé de maladie, il se demandait tout le temps quelle était encore son espérance de vie.

« Mais on doit continuer à avancer », a conclu l’ancien entraîneur de jeunes, dont la santé ne lui permet plus d’occuper cette fonction. « On est tous touchés à l’intérieur. On n’est pas préparés à ça. C’est difficile de voir ça, c’est difficile de comprendre qu’un humain puisse faire ça. »