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Visite en grande pompe de Donald Trump au Royaume-Uni : séduction et fragilisation.

Donald Trump a reçu un accueil royal lors de sa seconde visite d’État au Royaume-Uni, comprenant une garde d’honneur géante et un banquet royal avec 150 invités au château de Windsor. Le gouvernement britannique a élaboré un programme à huis clos pour éviter de confronter le président américain aux manifestants de la coalition « Stop Trump » qui s’étaient rassemblés dans la capitale.


Tour en calèche, garde d’honneur imposante et fanfare dans la cour du château de Windsor, défilé aérien et banquet royal avec 150 invités : tout a été organisé pour accueillir Donald Trump avec éclat lors de sa seconde visite d’État au Royaume-Uni. Un accueil royal qui semble satisfaire le président américain.

« On sait que Donald Trump est très sensible à la flatterie », rappelle Laëtitia Langlois, maître de conférences à l’Université d’Angers, spécialiste du Royaume-Uni. « Et il est aussi très impressionné par le faste qui entoure la famille royale britannique. Cette invitation peut donc être vue comme une forme de séduction, car le président américain a sans doute plus d’estime pour le roi Charles III que pour la personnalité du Premier ministre Keir Starmer. »

Pour s’assurer de l’effet recherché, le gouvernement britannique a préparé un programme à huis clos ce mercredi, au château de Windsor, situé à 40 km de Londres. Ce choix avait pour but d’éviter de confronter le président américain à la colère des manifestants de la coalition « Stop Trump », qui avaient prévu de se rassembler dans la capitale.

La visite de Donald Trump ne rencontre pas l’adhésion de tous au Royaume-Uni.

À la veille de l’arrivée du président américain, des activistes ont projeté une ancienne photo de Donald Trump en compagnie de Jeffrey Epstein sur le château de Windsor.

Un Premier ministre sous pression

Les manifestations anti-immigration de l’extrême droite se multiplient au Royaume-Uni.

« Maintenir des relations privilégiées avec les États-Unis permettrait à Keir Starmer de montrer à son opinion publique que le Royaume-Uni peut encore peser dans le concert des nations », explique Laëtitia Langlois. « Il ne faut pas minimiser le traumatisme que traverse la société britannique depuis que les États-Unis ont remplacé le Royaume-Uni comme première superpuissance au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il est donc important pour Keir Starmer de démontrer qu’il est capable de se maintenir au centre du jeu et de peser dans les relations avec Washington. »

Ukraine et Palestine au menu des discussions

C’est pourquoi le Premier ministre tentera aussi d’influencer le président américain sur les principaux dossiers diplomatiques du moment. « L’objectif de cette visite est aussi de convaincre Donald Trump de maintenir les États-Unis au sein de la coalition de volontaires pour le soutien à l’Ukraine », poursuit Laëtitia Langlois. « On sait combien le soutien américain à l’Ukraine a été fragilisé depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Il est également probable que la question de l’avenir de Gaza sera abordée, car Keir Starmer a l’intention de reconnaître l’État de Palestine et il va sans doute chercher à ne pas trop antagoniser ses relations avec Donald, qui affiche, lui, un soutien indéfectible à Israël. »

Lobbying royal pour le climat

Lors de la première visite de Donald Trump en 2019, le président avait déjà eu l’occasion de s’entretenir avec Charles, qui portait alors le titre de Prince de Galles. Cette rencontre, initialement prévue pour quinze minutes, s’était finalement prolongée pendant une heure et demie. À l’issue de cette conversation, Donald Trump avait commenté : « il est vraiment passionné par le changement climatique ». Une passion que Donald Trump ne partage absolument pas. Depuis son retour au pouvoir, le président américain a même affiché un certain mépris pour les enjeux climatiques, en décidant notamment de se retirer de l’accord de Paris et de poursuivre les investissements dans les énergies fossiles.

Les autorités britanniques n’ont pas précisé si la question climatique sera à nouveau au cœur des échanges entre les deux hommes lors de cette seconde visite d’État.