Violences sexuelles dans l’Église : un plan pour les victimes et prévenir d’autres cas
La nouvelle politique de l’Église prévoit de professionnaliser l’accueil des victimes et de leur proposer des groupes de soutien. Une Commission nationale, présidée par l’ancienne ministre Céline Fremault, sera chargée de la mise en œuvre et de l’évaluation du nouveau plan stratégique.
La nouvelle politique de l’Église, qui servira de guide pour les années à venir, vise à professionnaliser l’accueil des victimes, à leur proposer, ainsi qu’à leurs proches, des groupes de soutien, ainsi qu’à offrir un accompagnement spirituel aux personnes qui le désirent.
Pour mieux prévenir la violence, la Fondation annonce que « tous les collaborateurs et bénévoles au sein de l’Église suivront une formation obligatoire sur l’intégrité, les limites personnelles, la gestion trauma sensitive et les signes de comportements transgressifs et d’abus ».
Une Commission nationale sera responsable de la mise en œuvre, du suivi et de l’évaluation de ce nouveau plan stratégique. Elle sera présidée par l’ancienne ministre Céline Fremault (Les Engagés).
### Une politique de tolérance zéro
Un Conseil de supervision, réunissant des experts de la société civile, donnera désormais un avis obligatoire sur chaque dossier concernant un agresseur sexuel. Une procédure « de lanceur d’alerte » permettra également de signaler des soupçons de violences « sans crainte de représailles ». L’Église belge souhaite aussi garantir « une transparence maximale et une collaboration avec la société ».
La numérisation du celebret, le document permettant à un prêtre de célébrer l’eucharistie ou d’entendre les confessions, veillera à ce que seuls les prêtres sans plainte ni condamnation puissent exercer leur service. De plus, « les catéchistes et les adultes travaillant avec des mineurs devront fournir un extrait de casier judiciaire, et ce processus sera réalisé périodiquement. Cette règle s’applique également aux collaborateurs venus de l’étranger ».
### Les critiques des victimes
Ce nouveau plan stratégique a été élaboré sur la base de conseils et de témoignages de victimes, avec de nombreuses réunions organisées. Cependant, plusieurs victimes se plaignent de ne pas avoir été informées à temps de la tenue de la conférence de presse de Dignité, le 15 décembre.
Alain Cheval, victime de violences sexuelles au sein de l’Église et membre du « Groupe des 15 », représentant plus de 1500 victimes d’abus sexuels, estime que ce plan reste incomplet. « On peut mieux faire, notamment en matière de sanction des abuseurs. Nulle part je n’ai lu le mot ‘sanction’; je n’ai vu que la notion d’ ‘accompagnement’, et ça me heurte. »
Concernant les indemnisations, il ajoute que c’est toujours insuffisant : « Même si le plafond atteint 25.000 euros, ce n’est rien par rapport au préjudice de certains et de l’ensemble des victimes. »
Jean-Marc Turine, une autre victime et membre du « Groupe de 15 », estime qu’avec l’annonce de ce plan stratégique, l’Église « détourne la question essentielle qui est celle de la question financière. C’est cette question qui les arrête et qui les bloque. »
Sur la reconnaissance des faits, Alain Cheval regrette ne jamais avoir reçu d’excuses. « Toutes ces réunions entre nous, les victimes, et l’Église… On se demande si elles ont servi à quelque chose. » Jean-Marc Turine partage ce sentiment et déclare ne plus vouloir participer aux réunions avec l’Église : « La proposition qui est là, faite par l’Église, il n’y a qu’une chose à faire : c’est de la refuser. […] La tolérance zéro, je ne sais pas ce que ça veut dire parce que les pervers, on ne les contrôle pas. »

