Villes européennes et belges les plus mortelles en vagues de chaleur.
Entre le 23 juin et le 2 juillet 2025, plus de deux tiers (65%) des décès enregistrés liés à la chaleur ont été causés par ces températures extrêmes. D’ici la fin du siècle, l’étude de Nature de 2025 prévoit que les décès excédentaires annuels liés à la chaleur pourraient atteindre 80.000 en moyenne chaque année en Europe.
Entre le 23 juin et le 2 juillet 2025, l’Europe a traversé l’une des vagues de chaleur les plus sévères enregistrées. Durant cette période, plus de deux tiers (65 %) des décès attribués à la chaleur ont été causés par ces températures extrêmes associées au réchauffement climatique. Ce chiffre résulte d’une étude menée par onze scientifiques ayant analysé douze grandes villes européennes, parmi lesquelles Paris, Londres, Milan et Lisbonne.
Cette étude désigne Milan comme la ville la plus touchée, avec environ 317 des 499 décès liés à la chaleur imputables au changement climatique. En termes relatifs, Madrid est considérée comme la plus affectée, avec plus de 90 % des décès dus à la hausse anormale des températures.
Qu’en sera-t-il demain en Europe et en Belgique ? Décryptage.
### Plus de vagues de chaleur
Selon climat.be, le site d’information du ministère fédéral de l’environnement, les vagues de chaleur présentent des risques tels que la déshydratation, les coups de chaleur et l’épuisement, avec des conséquences notables sur la santé. Elles augmentent le taux de mortalité et de morbidité, en particulier chez les populations vulnérables (nourrissons, jeunes enfants, personnes âgées et athlètes de haut niveau). En outre, les températures extrêmes accroissent l’exposition à d’autres polluants, notamment l’ozone troposphérique et les particules fines.
La surmortalité est une des principales conséquences, mais plus largement, les vagues de chaleur constituent une menace sérieuse pour la santé humaine, le bien-être et les activités commerciales, pouvant également avoir des impacts profonds sur les écosystèmes, comme l’indique une étude publiée dans Nature en 2025, qui a étudié les projections de surmortalité liée aux températures dans 854 villes européennes selon trois scénarios.
The Lancet a estimé qu’entre le 1er janvier 2000 et le 12 décembre 2019, dans ces 854 villes, 13 589 personnes décédaient chaque année en moyenne uniquement en raison de la chaleur. D’ici la fin du siècle, sans mesures d’adaptation, l’étude de Nature de 2025 prévoit que les décès excédentaires annuels liés à la chaleur pourraient atteindre en moyenne 80 000 par an en Europe.
### Faire attention aux plus exposés
Aurore Fransolet, coordinatrice du projet « Faire face à la dette climatique grâce à une transition juste » à l’Université libre de Bruxelles (ULB), a identifié trois facteurs de vulnérabilité face à la chaleur :
1. « Il y a tout d’abord ce qu’on appelle l’exposition renforcée, avec cette idée que certaines populations sont plus exposées que d’autres aux vagues de chaleur. Par exemple, le fait d’avoir des logements qui sont extrêmement mal isolés comme les passoires thermiques qui surchauffent en été. »
2. « Le deuxième facteur est la propension à être affecté par la vague de chaleur selon son âge et son état de santé. »
3. « Et puis la troisième dimension, c’est la capacité adaptative, à se préparer, à faire face et à répondre à la vague de chaleur : rénover le logement, prévoir des espaces verts qui peuvent servir de refuge ou l’intensité des liens sociaux. Un gros problème dans les villes, c’est l’isolement des personnes âgées qui sont extrêmement vulnérables. »
Selon une analyse de Carbon Brief, les enfants, les personnes âgées et les personnes en situation de handicap sont particulièrement exposés aux maladies liées à la chaleur. Les recherches montrent également que les populations défavorisées et les personnes racisées subissent davantage les effets des vagues de chaleur, vivant souvent dans des zones pauvres en espaces verts et dans des logements inadéquats pour les fortes températures.
Le vieillissement de la population augmente également la vulnérabilité à la chaleur. Dans ce contexte, la climatisation pourrait sembler être une solution pour réduire la surmortalité liée à la chaleur. Selon The Economist, la part des logements climatisés est de 5 % au Royaume-Uni, 2 % aux Pays-Bas et 49 % en Italie. Aux États-Unis et au Japon, ce chiffre atteint 91 %. Dans les pays ayant développé l’utilisation de la climatisation, le nombre de décès a diminué. En Espagne, la proportion de logements climatisés est passée de 5 % en 1991 à plus de 40 % aujourd’hui, et le risque de décès dû à la chaleur a baissé de 30 à 60 % lors des journées chaudes.
Cependant, l’utilisation de ces appareils contribue au réchauffement climatique à plusieurs niveaux, comme l’explique Le Monde : d’une part, par l’air chaud qu’ils rejettent dans les villes, d’autre part par leur forte consommation d’énergie, et enfin en raison des émissions de gaz à effet de serre provenant des produits frigorigènes utilisés pour leur fonctionnement.
### Le rôle de l’adaptation à la chaleur
Cette surmortalité liée à la chaleur pourrait diminuer si certaines mesures d’adaptation sont mises en œuvre. Selon climat.be, l’adaptation vise à prendre les mesures nécessaires pour réduire la vulnérabilité des systèmes humains et naturels aux conséquences des changements climatiques. En revanche, l’atténuation consiste à réduire les émissions de dioxyde de carbone, responsables du réchauffement climatique.
L’étude de Nature souligne qu’il n’existe actuellement « aucune méthodologie consensuelle » sur les « meilleures » mesures d’adaptation, car elles « varient selon les études, notamment la température, le produit intérieur brut, la climatisation ou le logement ». Cependant, certains chercheurs affirment qu’une amélioration des conditions socio-économiques et des systèmes de santé pourrait contribuer à réduire la mortalité liée à la chaleur.
Aurore Fransolet met également en avant plusieurs solutions telles que « l’ensauvagement des villes, l’ajout d’espaces verts et d’étangs », ainsi que « la rénovation massive et en profondeur des logements ». Par exemple, l’étude de Nature a estimé que dans un scénario à + 2°C, avec une adaptation de 50 % du risque de mortalité liée à la chaleur, le taux de surmortalité pourrait être réduit de moitié. À partir d’une augmentation de 2°C, on pourrait compter 8 Ostendais, 7 Bruxellois et 5 Courtraisiens parmi les décès annuels sur 100 000 habitants, soit presque deux fois moins qu’en cas de statu quo.

