USA, Canada, Thaïlande : le cannabis étranger ne cesse d’inonder la Belgique
Un réseau d’importation de cannabis en provenance des Etats-Unis a été démantelé à Bruxelles, entraînant l’inculpation de sept personnes. Selon une étude de l’agence européenne des drogues (EUDA), 8% des adultes européens entre 15 et 64 ans consommeraient du cannabis, ce qui représente 22,8 millions d’Européens.
Un réseau d’importation de cannabis en provenance des États-Unis a été démantelé à Bruxelles, entraînant l’inculpation de sept personnes. Cette opération menée par la police judiciaire fédérale de Bruxelles met en lumière l’ampleur du phénomène. Ces derniers mois, les saisies de cannabis au port d’Anvers et aux aéroports de Zaventem et de Liège ont considérablement augmenté, atteignant plus de 27 tonnes en 2025. À titre de comparaison, en 2023, les saisies ne s’élevaient qu’à 490 kilogrammes.
Le cannabis provient toujours des mêmes pays : le Canada, les États-Unis et la Thaïlande, qui ont tous légalisé, totalement ou partiellement, la culture et l’usage du cannabis. Sur le terrain, le constat est sans appel. Werner Van Der Cruyssen, chef d’équipe recherche aux douanes de l’aéroport de Zaventem, a présenté de grands sacs en plastique contenant des paquets noirs. À l’intérieur se trouvait du cannabis emballé sous vide en provenance des États-Unis. « Ce sont des petites quantités de cannabis qui ont été interceptées dans des colis postaux. » Une fois pesés, les sacs varient entre neuf et quinze kilos.
Selon une étude de l’agence européenne des drogues (EUDA), le cannabis demeure la drogue la plus consommée en Europe, avec une moyenne de 8% des adultes européens âgés de 15 à 64 ans qui en consomment, ce qui représente 22,8 millions d’Européens.
Pour les organisations criminelles, le marché est donc gigantesque, entraînant des moyens considérables. D’après la même étude, le marché du cannabis en Europe générerait annuellement 12 milliards d’euros pour les narcotrafiquants.
Face à de tels moyens, comment les autorités peuvent-elles réagir ? Selon Ine Van Wymersch, la commissaire nationale aux drogues, « il n’y a qu’une chose qui intéresse le monde criminel, c’est de se faire le plus d’argent possible. Donc si on arrive à éviter que les organisations criminelles puissent vivre de cet argent et qu’on évite qu’il soit injecté dans l’économie légale, on leur pose clairement problème. »
Cette stratégie de lutte contre le blanchiment d’argent doit, d’après Ine Van Wymersch, s’accompagner d’un maximum de contrôle sur l’ensemble de la chaîne logistique permettant d’acheminer la drogue vers l’Europe.
De son côté, Mathieu Bertrand, directeur général des crimes graves et du crime organisé à la Gendarmerie Royale Canadienne (GRC), précise que le travail doit déjà commencer au Canada. La culture du cannabis a été légalisée, notamment à des fins médicales, nécessitant des certificats de production. Certaines organisations criminelles falsifient parfois ces certificats pour produire du cannabis de manière illégale.
« Lorsque ces certificats sont donnés, il faut s’assurer qu’on a la capacité de faire un suivi et de s’assurer que les certificats sont bien utilisés. C’est la première étape, » souligne Mathieu Bertrand.
La seconde étape consiste à collaborer avec la police et les services frontaliers pour empêcher le cannabis de quitter le Canada à destination de l’Europe. « Durant les derniers six mois, nous avons investi dans le nombre de ressources que nous avons à nos frontières terrestres mais aussi dans les aéroports et les ports, » détaille Mathieu Bertrand.
Néanmoins, face aux moyens des organisations criminelles, le défi reste considérable.

