Belgique

Une vaste affaire des matchs de tennis truqués, impliquant sept joueurs belges, sera jugée fin avril

Pas moins de 181 joueurs de tennis étaient impliqués, dont 7 joueurs belges (dont Arthur De Greef, qui fut en son temps le 3e meilleur joueur belge mondial) et une cinquantaine de joueurs français. À la tête de cette organisation criminelle, un certain Grigor S., surnommé le “Maestro” et suspecté d’être à la base d’un des plus grands réseaux de matchs de tennis truqués au monde.

L’homme de 32 ans nie les faits, mais il est inculpé pour corruption, blanchiment d’argent, appartenance à une organisation criminelle et infraction à la législation sur les jeux de hasard. Il est suspecté d’avoir truqué au moins 376 matchs de tennis, de février 2014 à juin 2018. Le Maestro ciblait des petites compétitions de tennis généralement non filmées, un argument qui aurait facilité les cas de triche.

Dans le viseur du corrupteur : des joueurs évoluant dans des catégories qui coûtent plus qu’elles ne rapportent (qui avaient donc du mal à joindre les deux bouts, ce qui en faisait des “proies faciles”) et à qui étaient proposés entre 400 et 3000 euros pour perdre un jeu, un set, voire un match complet.

En 2019, le Français Mick Lescure (banni, depuis décembre 2022, par l’Agence internationale d’intégrité du tennis) a reconnu avoir perdu volontairement une vingtaine de matchs en échange de 30 000 euros au total.

Plus de 8,2 millions d’euros

Selon le journal sportif français L’Équipe, 560 000 euros de pots-de-vin ont été redistribués aux joueurs concernés. Au total, plus de 8,2 millions d’euros auraient transité sur un compte numérique utilisé, entre juin 2016 et mars 2018, par Andranik M., le responsable des finances présumé du réseau, également prévenu dans ce dossier.

Il ressort de l’enquête menée par la justice belge que plus de 1670 comptes concernés par cette affaire de corruption ont été répertoriés aux quatre coins du globe. Grigor S. voulait pourtant rester discret et aurait agi en envoyant d’autres personnes miser à sa place. Il aurait également utilisé une vingtaine de numéros ainsi que huit téléphones différents pour tenter de brouiller les pistes. Sans succès, puisque la police finira par l’interpeller en juin 2018.

L’arrestation du Maestro a d’ailleurs permis aux enquêteurs de mettre au jour ce vaste (et juteux) trafic. L’enquête, menée par le parquet fédéral, a abouti à un procès, qui a débuté vendredi 17 mars devant le tribunal correctionnel d’Audenarde (Flandre-Orientale). Mais il a été suspendu ce jour-là.

En début d’audience, un avocat de la défense – et représentant trois joueurs – avait demandé un jugement interlocutoire, à savoir un jugement qui, avant de statuer sur le fond, ordonne des mesures propres à compléter l’instruction. Il estimait en effet que l’affaire n’était pas en état d’être jugée, qualifiant le dossier de “poubelle”. Certains prévenus affirmaient que des pièces étaient manquantes au dossier, ce qui pourrait “bafouer leurs droits” durant le procès.

La défense avait demandé au tribunal d’ordonner l’inventaire du dossier, ou de décider de l’irrecevabilité des poursuites.

Ce vendredi 24 mars, le tribunal a demandé au parquet de rajouter quelques éléments au dossier, dont les casiers judiciaires des prévenus. Avant d’annoncer que le procès serait bel et bien maintenu. Les débats reprendront dans un mois, le 26 avril.

Selon Ouest France, depuis l’arrestation de Grigor S., les paris suspects ont chuté de 47 %, ce qui démontre l’ampleur du réseau démantelé.