Une paix est-elle possible à Hébron, occupée par des colons israéliens ?
Isa Amro est un militant des droits humains palestinien suivi dans la vieille ville d’Hébron, où de nombreux commerces palestiniens ont dû fermer. Selon lui, la situation s’est aggravée depuis les attaques terroristes du Hamas le 7 octobre, et il déclare que « l’occupation est en cours depuis bien plus longtemps ».
Isa Amro est un militant palestinien des droits humains. Nous allons le suivre dans la vieille ville d’Hébron.
« On aimerait passer. Ils ont leur carte de presse », déclare-t-il au checkpoint. La ville est quadrillée de barrages et de militaires israéliens lourdement armés. Dans la partie palestinienne de la ville occupée, de nombreux commerces ont dû fermer. « C’était l’une des rues les plus animées de la ville. Il y avait une pharmacie palestinienne, une clinique palestinienne, des maisons palestiniennes, des magasins. Tout a été fermé. Ils ont fermé cette porte. Et puis ils ont mis des blocs de béton. »
Une communauté de colons israéliens s’est installée sans ménagement derrière ces murs de béton. « Les colons se sont installés et ils ont détruit notre vie », explique Isa Amro.
À Hébron, il devient rapidement évident que la religion divise davantage qu’elle ne réunit. Dans la vieille ville, les colons juifs ont établi leur présence au-dessus des Palestiniens. Des grillages ont été installés pour les protéger des déchets que leurs voisins leur jettent sur la tête : « des déchets, des pierres, parfois des eaux usées, des yaourts avariés. Ils balancent tout depuis en haut. Regardez ce qu’ils ont jeté. »
Le rapport de force ne cesse de se détériorer. La situation s’est encore aggravée depuis les attaques terroristes du Hamas le 7 octobre. « C’est encore bien pire depuis le 7 octobre. Mais l’occupation dure depuis bien plus longtemps », explique Isa Amro.
Parce qu’il défend les droits des Palestiniens, Isa Amro est sous surveillance constante. Il est harcelé, contrôlé par les militaires israéliens et insulté par les colons. « Tu n’es qu’un chien. Tu seras effacé de la surface de la terre », lui crie l’un d’eux.
Selon Isa Amro, ce harcèlement a un but : « Ils entretiennent une relation de maîtres à esclaves. Quand je passe aux checkpoints, ils sont très méchants, très violents. Parce qu’on les laisse faire ! » Une impunité dont il n’est pas la seule victime.
De nombreuses personnes palestiniennes épuisées ont déjà quitté Hébron. « Ils parlent d’immigration volontaire, ce n’est pas de l’immigration. Ils nous forcent à quitter nos maisons. C’est du nettoyage ethnique ! »
Ces tensions ne sont pas vécues de la même manière par tous. « Je ne ressens pas de tension », dit un habitant. « J’en parlais dernièrement avec un chauffeur de taxi, nous espérons tous que cela va s’améliorer à Gaza, à Jérusalem. Ça va aller. »
Isa Amro ne condamne pas les individus de cette tragédie, mais plutôt le système qui les enferme. « Moi, je défends une résistance non violente. Je suis fier de ma manière de résister. Je ne veux pas le tuer. Je veux tuer son occupation et son apartheid ! »
Les termes « occupation » et « apartheid » sont indéniablement forts. « Qui va rendre aux Palestiniens un sentiment de sécurité ? J’espère que la Belgique prendra la main pour défendre le droit international. Et le fera appliquer pour tout le monde ici. »
Une journée à Hébron permet de mieux comprendre l’impasse totale des relations israélo-palestiniennes. Cette ville, sacrée pour les deux religions, aurait pu être un laboratoire de coexistence entre juifs et musulmans. Elle est devenue l’un des symboles tragiques de leur conflit.

