Belgique

Une liste libérale commune à Bruxelles ? Le MR réticent à partager le gâteau avec l’Open Vld

Alexia Bertrand : « J’espère me présenter sur une liste commune MR-Open VLD en 2024 »

Sur le principe, le MR souhaite se rapprocher de son parti frère. Mais le coût de cette union, lorsqu’on parle de créer une liste commune, est jugé fort élevé par les bleus francophones. L’Open VLD est trop faible à Bruxelles et n’apporterait pas de siège supplémentaire en cas d’union électorale, entend-on. Au contraire, c’est le MR qui devrait renoncer à l’un de ses sièges parlementaires fédéraux pour le donner à un colistier issu du parti libéral flamand (à Alexia Bertrand, en l’occurrence).

”Un transfert de siège”

Une liste commune, ce serait simplement un transfert de siège, relève un poids lourd du MR. La vérité, c’est qu’on n’a même pas réussi à faire un groupe commun à la Chambre… Il faut être cohérent. Si on avait été placé dans une dynamique où, durant cette législature, les choses s’étaient réalisées naturellement en commun, comme c’est le cas entre Ecolo et Groen, on serait moins dans une logique mathématique…

Chez les réformateurs, on note par ailleurs que les instances du parti ne se sont pas prononcées clairement sur l’hypothèse d’une liste commune pour la Chambre dans la circonscription bruxelloise. La majorité des mandataires MR sont réticents à l’idée de devoir partager le gâteau avec l’Open VLD sans contrepartie. D’autant plus que les relations avec les libéraux flamands ont connu de très fortes turbulences. Les deux formations, qui pourtant défendaient avec emphase leur lien politique, se sont chamaillées très vertement en fin d’année. Excédé par les critiques venues de députés MR contre Alexander De Croo et contre Vincent Van Quickenborne, le président de l’Open VLD, Egbert Lachaert, avait déclaré en novembre que le MR sombrait dans une attitude populiste, “presque du ‘copié-collé’ de celle du Vlaams Belang”.

Quelques jours après cette déclaration forte, Georges-Louis Bouchez et Egbert Lachaert avaient toutefois décidé de se rabibocher. À l’avenir, MR et Open VLD devaient mieux coordonner leurs sorties médiatiques dans les dossiers fédéraux, les libéraux francophones acceptaient de préserver l’image du Premier ministre dans leur expression, l’idée ancienne d’un groupe commun à la Chambre allait être réexaminée, de même pour l’hypothèse d’une liste commune à Bruxelles.

La réconciliation entre le MR et l’Open VLD.

Pour en revenir à ce dernier point, le président Georges-Louis Bouchez y est favorable car la réunion électorale des libéraux s’inscrirait dans le cadre plus large de la relation historique et doctrinale avec l’Open VLD. Le président du MR ne peut toutefois rien décider sans l’aval de Sophie Wilmès. L’ancienne Première ministre et ancienne ministre des Affaires étrangères avait quitté le gouvernement fédéral pour des raisons familiales. Jouissant toujours d’une très grande popularité, elle emmènera probablement la liste MR (ou MR/Open VLD) au fédéral à Bruxelles en 2024. Sophie Wilmès n’est pas hostile à une liste commune mais, comme bon nombre d’élus MR, elle n’en perçoit pas l’intérêt arithmétique ni l’intérêt politique. Elle reste toutefois ouverte sur la question, aucune porte n’est fermée de son côté.

Un siège de député, le prix de la solidarité ?

L’espoir évoqué par Alexia Bertrand risque donc d’être déçu. Des éléments de stratégie pourraient-ils faire évoluer les choses ? Actuellement, l’Open VLD fait partie du gouvernement Vervoort tandis que le MR est resté confiné dans l’opposition régionale. Au fédéral, il existe des velléités de constituer une coalition en 2024 sans le parti de Georges-Louis Bouchez. Et si les libéraux flamands promettaient, contre un mandat de député, d’exiger la présence du MR à leurs côtés dans la future majorité fédérale et la future majorité bruxelloise ? Cet échange de bons procédés ne fait pas rêver au MR : la solidarité au sein de la famille libérale lors de la constitution des majorités gouvernementales devrait être une évidence indiscutable et non le résultat d’un deal dont le MR aurait dû payer le prix…